Brève histoire du progrès

No 016 - oct. / nov. 2006

Richard Wright

Brève histoire du progrès

lu par Normand Baillargeon

Normand Baillargeon

Richard Wright, Brève histoire du progrès, Hurtubise HMH, Montréal, 2005

Le k.o. des civilisations ?

Cette terrible question est au cœur du livre de Wright. Pour y répondre, il entreprend d’examiner quelques cas historiques de civilisations florissantes qui ont pourtant disparu. Son enquête commence avec l’homme du Neanderthal. Il examine ensuite les cas de l’Île de Pâques, des civilisations romaine, sumérienne et maya.

Un modèle se dégage alors. Parmi les éléments composites, on retrouve : la hiérarchisation des sociétés, le productivisme, les conflits internes, les guerres externes, la croissance démographique, l’usage dissolu des ressources et une confiance aveugle en une foi qui garantit que l’avenir résoudra plus tard les problèmes qui se présentent aujourd’hui.

Tout cela engendre un suicidaire aveuglement qui mène à un effondrement soudain des civilisations. Prenez l’Île de Pâques, dont la végétation fut un temps luxuriante et la population prospère. Ce paradis écologique deviendra un enfer lorsque les facteurs susmentionnés se conjugueront pour amener ses habitants à abattre sans répit des arbres afin de construire des statues. L’Île est si petite, rappelle Wright, qu’en de très nombreux endroits, on la voit tout entière, de sorte que la personne qui a coupé le dernier arbre savait sans doute que c’était le dernier.

Ces leçons du passé sont plus que précieuses, puisque chacun peut constater qu’à l’échelle planétaire nous formons à présent une seule civilisation. Et les menaces pesant sur elle sont aussi nombreuses que connues. De sorte que si cette civilisation tombe, ce sera la fin de ce que Wright décrit malicieusement comme cette petite expérience que se sera permise la Nature en laissant un singe jouer dans le laboratoire.

L’ultime et terrifiante phrase de ce livre, admirablement écrit et passionnant du début à la fin, est celle-ci : « C’est maintenant notre dernière chance d’assurer l’avenir ». Les pages qui la précèdent n’incitent pas au plus grand optimisme et me ramenaient plutôt en mémoire le titre de l’histoire de l’humanité telle que l’a racontée François Cavanna : Et le singe devint con.

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