Les âmes du peuple noir

No 022 - déc. 2007 / jan. 2008

W.E.B. Du Bois

Les âmes du peuple noir

lu par Jean-Marc Piotte

Jean-Marc Piotte

W.E.B. Du Bois, Les âmes du peuple noir, Paris, La Découverte/Poche, 2007, 339 p.

Du Bois (1868-1963) est sans doute l’intellectuel noir états-unien le plus important de la première moitié du XXe siècle. Ce livre, qui regroupe des textes écrits entre 1897 et 1903, combat « pour qu’il soit possible à un homme d’être à la fois un Noir et un Américain, sans être maudit par ses semblables, sans qu’ils lui crachent dessus, sans que les portes de l’Opportunité se ferment brutalement devant lui ».

L’auteur explique que la guerre de sécession (1861-1865) détruit, dans le Sud, l’empire des maîtres et affranchit les esclaves, particulièrement par les treizième (1865), quatorzième (1868) et quinzième amendements (1870) constitutionnels qui leur accordent l’égalité et le droit de vote. Cependant, les Noirs troquent leur statut d’esclaves pour celui de travailleurs exploités, dominés, aux revenus faibles, aléatoires et indéterminés. De plus, les Blancs du Sud, humiliés par leur descente aux enfers, imposent aux Noirs une discrimination dans tous les domaines : enseignement, habitat, transport, hôpitaux, cimetières, etc. En 1896, la Cour suprême justifie cette discrimination, au nom de l’égalité dans la séparation. Le droit de vote est pratiquement annihilé par des clauses discriminatoires, dont des tests de lecture. Le système judiciaire blanchit systématiquement les Blancs et noircit les Noirs.

Du Bois poursuit trois objectifs précis : l’éducation des Noirs, y compris au plan universitaire ; l’égalité civile ; le droit de vote. Ce grand intellectuel meurt au début des années soixante, peu avant que les luttes pour les droits civiques rendent illégale la discrimination.

Ce combat n’est évidemment pas terminé, comme le démontre la petite ville de Jena, en Louisiane, où des batailles entre élèves blancs et noirs ont entraîné l’arrestation et l’inculpation des derniers, sans que les premiers soient le moindrement ennuyés.

La lutte contre le racisme, qui imprègne plus ou moins fortement la conscience et l’inconscience de la majorité des Blancs, doit donc se poursuivre. Les textes de Du Bois, magnifiquement écrits, nous le rappellent ; ils ne datent pas ; ils nous ramènent à l’actualité.

Thèmes de recherche Etats-Unis, Livres, Histoire
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