Technoculture
La semaine québécoise de l’informatique libre
par Philippe de Grosbois
En septembre dernier avait lieu, un peu partout au Québec, la quatrième Semaine québécoise de l’informatique libre (SQIL). Qu’est-ce que l’informatique libre ? C’est la conception collaborative de logiciels, tels OpenOffice et Firefox, ou de systèmes d’exploitation (par système d’exploitation, on entend l’ensemble de programmes qui « gèrent » l’ordinateur, comme notre bon ami Windows chez Microsoft), tels Linux. Le « code source » de ces produits est ouvert, ce qui signifie que tout le monde peut télécharger, décortiquer, modifier et même commercialiser le logiciel alors que l’informatique « propriétaire » est la chasse gardée des corporations immortelles et omnipotentes, notamment Apple et Microsoft.
L’informatique libre est une mouvance plurielle : on y retrouve des informaticiens qui souhaitent développer des outils mieux adaptés à leurs besoins et travailler de manière collaborative à un projet d’envergure, mais aussi des militantes politisées, aux idées similaires à celles que l’on retrouve dans d’autres milieux subversifs. Les organismes à vocation sociale, tels Communautique et FACIL (la Fondation pour l’appropriation collective de l’informatique libre, principal organisateur de l’événement), côtoient des entreprises. Bref, la SQIL se situe à la jonction du développement informatique et d’un ensemble de réflexions sociales et culturelles.
Le samedi 15 septembre 2007, jour d’ouverture de la SQIL, était aussi le Software Freedom Day, la journée mondiale du logiciel libre [1]. Ce jour-là, des éditions du système d’exploitation Ubuntu (une version stable de Linux) ont été distribués gratuitement au métro Berri-UQÀM, à Montréal.
L’organisation de la SQIL, à l’instar de nombreux mouvements s’appuyant sur Internet, se veut décentralisée. Il s’agit d’une occasion pour des groupes de toutes tailles d’organiser leurs activités dans le cadre de cette semaine afin de maximiser leur visibilité. C’est ainsi qu’avait lieu, les 17 et 18 septembre, le colloque Le (logiciel) libre comme phénomène technique et social, organisé par des étudiantes en communication de l’UQÀM [2].
Difficile de s’impliquer dans l’informatique libre si on n’est pas initié à la culture et au langage informaticiens. Il demeure néanmoins important de suivre le mouvement et de l’appuyer, ne serait-ce que de loin, en se tenant informé des développements, en téléchargeant les logiciels et en apprenant à les utiliser. Quiconque suit avec jubilation les déboires records de l’industrie musicale (de Napster, lancé il y a à peine huit ans, aux artistes de renom, tels Radiohead, qui quittent le navire cet automne) devrait réaliser qu’il suffit peut-être de quelques efforts organisés pour mettre à genoux Gates, Jobs et les autres pirates milliardaires du monde de l’informatique.
Semaine québécoise de l’informatique libre