Benoît Collombat et Damien Cuvillier
Le choix du chômage
Benoît Collombat et Damien Cuvillier, Le choix du chômage, Futuropolis, 2021, 288 pages.
Roosevelt disait, en 1936, dans un discours prononcé à la veille de sa réélection comme président des États-Unis : « Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé. » En gros, le pouvoir de chantage colossal du capital – et particulièrement, des banques – sur le pouvoir politique ne cesse de croître… La dette tout comme le développement du chômage font aujourd’hui figure de stratégies délibérées, permettant de piéger une main d’œuvre forcée de se rendre disponible pour trois fois rien. Pire, le taux de chômage en vient même à être considéré comme une source de « compétitivité » prisée par les dirigeants, alors même qu’ils promettent le « plein emploi ».
De nombreuses personnes – chercheur·euse·s, ministres, banquiers – ont été interviewées pour la réalisation de ce reportage en bande dessinée, ce qui enrichit l’édifice intellectuel d’un livre qui élabore de façon éloquente sur l’exploitation sans vergogne que constitue le capital. Évidemment, on est loin de la BD poids plume. Par contre, malgré l’abondance du texte, des citations et des références, grâce au travail graphique subtil – notamment une multitude de teintes de gris et une organisation de pages des plus créative –, l’ouvrage s’avère phénoménal.
Sur le néolibéralisme, Barbara Stiegler avance ceci : « Le propre du néolibéralisme, c’est d’assumer le libéralisme économique en prônant une politique d’éducation, un discours sur le sens de la vie, la valorisation de la mobilité… une “fabrication du consentement”, pour reprendre l’expression de Lippman ». Ce qui vaut pour la France s’applique aussi beaucoup, mondialisation oblige, à notre situation économique et à celle du chômage ici.