Dossier - Changer le monde : où allons-nous ?
Le Nous militant
On peut se lamenter. L’oligarchie financière domine les États et leur impose sa soif d’accumulation compulsive. Le pétrole demeure la source première d’énergie, malgré son impact écologique destructeur. Une partie non négligeable de la population mondiale ne mange pas à sa faim. L’inégalité entre humains se renforce. La majorité des humains ne jouissent pas d’une pleine liberté. La moitié de l’humanité continue de dominer l’autre moitié. Des guerres sans queue ni tête déciment des populations civiles et les contraignent à l’exil.
Ces constats sont incontournables, mais mortifères (ils réduisent le citoyen à l’état de spectateur résigné et morose) et partiaux (ils gomment les résistances militantes).
À l’encontre de cette résignation, le film Demain de Mélanie Laurent et de Cyril Dion décrit de façon lumineuse comment des individus engagés dans des milliers de communautés œuvrent concrètement à changer le monde.
Demain n’a pas de réponses à tout ce qui va mal. Mais, à tous ceux et celles qui refusent la résignation, il suggère des actions mobilisatrices. Comme le veut l’expression, le film oppose au pessimisme de la raison, l’optimisme de la volonté. En laissant de côté les discours catastrophistes et moralisateurs, il mise sur la puissance évocatrice de celles et ceux qui, déjà, transforment le monde. Car le plaisir est dans la lutte contre l’inacceptable. La joie est dans la participation à un nous militant, où l’on brise l’isolement, répartit le labeur et savoure les victoires à leur juste valeur.
Le bonheur est dans l’espoir de changer le monde.