Présentation du dossier du no. 48
Démocratiser l’économie
Un moyen incontournable pour combattre l’injustice et les inégalités
Deux constats sont à l’origine de ce dossier. Le premier devrait être une évidence pour chacunE de nous : les institutions économiques telles que nous les connaissons ne favorisent pas le développement de la démocratie. Elles génèrent des inégalités effarantes, distribuent injustement les fardeaux et les bénéfices de la production de biens et de services, mettent en concurrence les individus et les groupes et asservissent les institutions politiques aux classes dominantes.
Pour que la démocratie puisse s’exercer, il faut faire en sorte qu’elle soit au service du politique et du bien commun – et pas seulement des intérêts des classes dominantes. Ce premier constat nous impose un programme : celui de démocratiser l’économie. C’est-à-dire permettre aux citoyens et aux citoyennes d’obtenir un véritable contrôle des décisions économiques dans l’intérêt de la majorité.
Or, il est possible d’observer, ici et là, de convaincantes réalisations de ce programme. C’est là le deuxième constat à l’origine de ce dossier, et il est aussi encourageant que le premier pouvait être désolant.
Les citoyens et les citoyennes ont inventé des moyens multiples et remarquables pour se réapproprier l’espace public, pour démontrer que notre compréhension de l’économie ne doit pas se limiter à l’application des préceptes du libre marché. La preuve est alors faite que l’économie n’est pas ce à quoi tous et toutes doivent se soumettre et obéir.
C’est ainsi qu’en première partie de ce dossier, des articles nous donnent des exemples de différents types de politiques budgétaires dans lesquelles on retrouve des alternatives aux diktats que veulent nous imposer les tenants du marché. C’est là un précieux moyen de décider de l’utilisation de nos ressources collectives.
En deuxième partie du dossier, on trouvera justement des outils pour contrôler l’utilisation de ces ressources. Un premier article porte sur la vérification citoyenne de la dette, où l’on questionne l’origine de cette dette, sa signification et sa légitimité. Un autre article aborde la question du contrôle de la circulation des capitaux par l’implantation d’une taxe sur les transactions financières. On démontre enfin la nécessité de réguler le marché pour pallier l’une de ses importantes et dangereuses défaillances, les externalités.
Notre dossier se termine par une réflexion sur le travail, sur son rôle et sa place dans nos sociétés et sur son organisation, de manière à développer une plus grande démocratie. En théorie, dans notre système économique, le travail est libérateur parce qu’il nous permet de sortir de la pauvreté. Dans les faits, on constate qu’il est pour bien des gens une contrainte tellement forte qu’il les empêche d’exercer cette liberté pour laquelle ils travaillent. Il nuit ainsi à l’organisation d’une vie démocratique pleine et entière.
Ce dossier nous fait donc pénétrer dans un vaste chantier. Nous souhaitons que les propositions énumérées ici soient stimulantes et permettent d’en inventer d’autres, tout aussi appropriées. La démocratisation de l’économie est sans aucun doute un des moyens les plus incontournables pour combattre l’injustice et les inégalités.