Dossier : Démocratiser l’économie

Dossier : Démocratiser l’économie

Budgets au féminin

Chantal Santerre

The Fawcett Society est le leader anglais dans la campagne pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Cette organisation a publié en mars 2012, avec la collaboration du Women Budget Group, une étude sur l’impact des budgets d’austérité sur les femmes [1].

La pauvreté, constate-t-on, est plus répandue chez les femmes, qui accusent sur le plan économique un retard qui n’a pas encore été comblé. Pire : dans certains cas, cet écart continue de s’accroître, et ce, malgré des lois telle que la Equality Act 2010 adoptée en Angleterre. Cette loi impose aux autorités publiques de veiller à éliminer la discrimination et à promouvoir l’égalité des chances entre les deux sexes.

Pour satisfaire cette obligation, les institutions publiques doivent considérer l’impact des politiques et pratiques actuelles sur les genres. Si on constate qu’une politique a pour conséquence d’accroître l’inégalité entre hommes et femmes, les décideurs doivent trouver un moyen d’atténuer cette action ou d’éliminer ou alléger ce préjudice.

Au Québec, la Fédération des femmes du Québec (FFQ) a produit en 2011 une analyse du budget du Canada 2012-2013 [2] et son impact sur l’égalité pour les femmes.

Cette étude démontre que les coupes dans les dépenses publiques affectent principalement les femmes, qui en sont les premières victimes parce que ces coupes entraînent une diminution du nombre d’emplois disponible, des baisses des prestations de l’aide sociale ainsi qu’une moins grande offre de services publics.

La FFQ met de l’avant trois recommandations pour faire avancer le droit des femmes vers l’égalité.

  • Premièrement, annuler les baisses d’impôt et certaines dépenses publiques pour mieux investir dans des programmes qui bénéficieront à la grande majorité des Canadiennes et Canadiens et qui créeront des emplois bien rémunérés.
  • Deuxièmement, que le Canada respecte ses engagements internationaux à l’effet de tenir compte des différences de genre et d’éliminer les inégalités dans la préparation des budgets et le développement des politiques fiscales.
  • Finalement, protéger le droit à la retraite et sortir les femmes plus âgées de la pauvreté, notamment en renforçant les régimes publics et en augmentant le Supplément de revenu garanti de 15 %.

La pauvreté étant un obstacle à la participation à la vie démocratique, les femmes – qui forment la majorité des personnes vivant sous le seuil de la pauvreté – ont plus de chances d’être exclues de celle-ci. Si on veut démocratiser l’économie, il faut donc que nos politiques contribuent à diminuer l’inégalité entre les hommes et les femmes.


[1The Fawcett Society, « The Impact of Austerity on Women  », mars 2012. Disponible en ligne : http://www.fawcettsociety.org.uk/index.asp?PageID=1267.

[2Fédération des femmes du Québec, « Budget du Canada 2012-2013 : Pour une fiscalité au service de l’égalité pour les femmes », 12 août 2011. Disponible en ligne : http://www.ffq.qc.ca/2011/08/budget-du-canada-2012-2013-pour-une-fiscalite-au/.

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