La juste part : Repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grille-pains

No 048 - février / mars 2013

David Robichaud et Patrick Turmel

La juste part : Repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grille-pains

Yvan Perrier

La juste part : Repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grille-pains, David Robichaud et Patrick Turmel, Coll. Documents, Nouveau Projet, Montréal, 2012, 102 p.

À celles et ceux qui ont entendu les Charest, Beauchamp, Bachand et autres partisanes de la hausse des frais de scolarité répéter ad nauseam qu’une telle mesure était justifiée au nom de la « juste part » ; à celles et ceux qui n’en pouvaient plus d’entendre cette expression tant elle devenait rebutante à la longue : le livre qui fait l’objet de la présente recension s’adresse à vous. De manière plus spécifique, nos deux auteurs se demandent comment, dans les sociétés développées, arrimer la liberté et l’égalité en vue de freiner le phénomène d’accroissement des inégalités entre les riches et les pauvres. Phénomène qui s’est prodigieusement accéléré au cours des trois dernières décennies. Selon Robichaud et Turmel, toutes et tous doivent faire leur juste part, ce qui inclut les riches et les plus riches, qui prétendent qu’imposer davantage leur revenu est susceptible de porter atteinte au « bonheur » du plus grand nombre.

Deux citations illustrent bien la démarche des auteurs :

« L’objectif premier de cet ouvrage est de rendre compte de l’importance de la coopération sociale pour toute production de richesse. Il nous permettra de rejeter l’idée selon laquelle certains peuvent légitimement s’opposer à la redistribution en invoquant des arguments moraux fondés sur le droit de propriété ou le mérite économique. La production de richesses étant une affaire collective et non individuelle, il revient à la société de choisir la redistribution qui est la plus susceptible de lui permettre d’atteindre ses objectifs. Nous suggérons qu’une distribution plus égalitaire des richesses est collectivement plus avantageuse ; elle permet d’améliorer le niveau de bonheur et de satisfaction de tous les membres de la société, qu’ils soient affreusement pauvres ou effrontément riches.  »

« Pour l’avenir, qu’allons-nous choisir collectivement de favoriser ? Une société-loterie où une poignée d’individus empoche le gros lot et dont l’horizon politique est la ploutocratie ? Ou une société véritablement démocratique, dans laquelle nous nous reconnaissons comme égaux et décidons collectivement des objectifs que nous désirons poursuivre ? »

Ce livre est rédigé par deux professeurs de philosophie. Leur démonstration nous indique que la pensée philosophique n’est pas que pure spéculation abstraite. Cette pensée peut s’ancrer, par moments, à du concret vérifiable et mesurable. Ce livre, très bien écrit, s’appuie tantôt sur des données empiriques crédibles, tantôt sur la pensée de grands auteurs qui ont marqué leur discipline. Qu’on nous comprenne bien, vous ne trouverez pas ici des formules abstraites indigestes et compréhensibles uniquement par les personnes initiées à la science économique. Cet ouvrage, en raison de sa clarté, de sa concision et surtout de son caractère actuel et nettement réformiste, mérite d’être lu par les personnes qui aspirent à davantage de justice sociale.

En terminant, reproduisons la citation mise en exergue à l’ouvrage : « Le déséquilibre entre les pauvres et les riches est la plus ancienne et la plus fatale maladie des républiques. » – Plutarque

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