Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune
Ni silence, ni pardon. L’inceste : un viol institué
Ni silence, ni pardon. L’inceste : un viol institué, Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune, Mont-Royal, M éditeur, 2014, 109 p.
Dans ce livre écrit à quatre mains, les auteures se penchent sur la problématique de l’inceste. Elles ont su trouver des mots pour décrire des maux qui torturent les consciences des milliers de victimes de violences.
Cette publication se divise en trois sections. Jeanne Cordelier nous livre ses réflexions dans la première partie. Sa collègue, Mélusine Vertelune, exprime son opinion en seconde position. Elle-même agressée sexuellement par son frère, elle y raconte son vécu, son histoire personnelle ; une histoire qui ressemble à celle de bien d’autres filles. L’ouvrage se termine par des annexes : on y retrouve un communiqué du Collectif libertaire antisexiste contre le viol (CLAS), qui rappelle que « le viol est un acte de torture physique et mental banalisé et dont la gravité est généralement minimisée », ainsi que des portraits psychologiques d’hommes violents.
Le début et la fin de cet ouvrage mettent en évidence des principes défendus pour combattre les violences à l’égard des femmes. En effet, la préfacière Marie-France Casalis est la cofondatrice du Collectif féministe contre le viol.
Qu’elles se déroulent dans la sphère publique ou dans le cadre familial, les agressions à caractère sexuel causent des conséquences désastreuses pour les victimes, il s’agit de violences qui ne peuvent être tolérées. Si le viol est encore à notre époque un sujet sensible, l’inceste, lui, sème la confusion et cause des angoisses. Ce qui est très troublant, c’est que toutes ces outrances ne sont pas toujours prises au sérieux. Ainsi, les agressions sexuelles et les traumatismes qu’elles engendrent sont des tragédies qui méritent d’être explorées avec la plus grande attention.
À travers la plume, nos héroïnes affichent clairement leur volonté : celle de sensibiliser le public et de rappeler la nécessité d’accorder plus d’attention à ce fléau qui fait tant de victimes dans le monde. Il faut bien reconnaître que l’écriture a un effet thérapeutique. Elle peut être un remède parmi tant d’autres pour panser les blessures psychologiques. J’ai trouvé ma lecture éclairante et inspirante. J’applaudis les auteures qui ont eu le courage de briser le silence entourant des questions bouleversantes et traumatisantes. Il est indispensable de mettre les bouchées doubles pour non seulement apporter du soutien aux victimes, mais aussi pour faire en sorte que la prévention soit efficace. Lisez et faites lire ce livre !