PPP : étude de cas # 1
Les transports en Angleterre
par Claude Rioux
Chemins de fer : Au Royaume-Uni, en 1994, le gouvernement conservateur procède à la privatisation du réseau de chemin de fer britannique, la société d’État British Rail, qui est démantelée et partagée entre diverses compagnies, dont Railtrack. Résultat ? Des accidents plus fréquents et plus graves, des tarifs plus élevés, des retards chroniques, des trains branlants, bondés et vétustes, qui ne s’arrêtent pas aux gares prévues, qui grillent des feux rouges pour sauver du temps… Même privatisé, le réseau est subventionné, mais les subventions que Railtrack reçoit de l’État (2,7 milliards d’euros en 1998) ne sont pas investies dans les installations de sécurité. En 1999, l’accident ferroviaire le plus meurtrier survient : 31 morts et 400 blessés. En 2000, le premier ministre Blair déclare que les chemins de fer sont devenus un « enfer absolu ». Bref, les Britanniques se retrouvent avec un réseau moins fiable, moins sécuritaire et plus coûteux. À l’automne 2001, Railtrack croule sous une dette de 5 milliards d’euros et est mise sous tutelle. [SFPQ, p. 12]
Métro de Londres : « Les experts britanniques en transport ont été unanimes à dire que le contrat PPP du métro de Londres était inexécutable et d’une complexité byzantine. D’un coût de 400 millions de £, ce contrat comprend 135 volumes, totalisant 28 000 pages ! » [FTQ, p. 14]
En 2003, dans le métro de Londres, un incendie a été provoqué par une déficience de l’entretien impliquant deux « partenaires ». À la suite de cet accident, plus de 100 000 personnes ont été privées de service pendant deux heures. Des pénalités financières étaient alors exigibles, en fonction de la durée des pannes et de l’achalandage. Cependant les partenaires se renvoient la balle et l’affaire se retrouve devant les tribunaux. C’est donc l’administration locale qui doit assumer les frais de poursuite, malgré l’existence d’un contrat « blindé ». [SPGQ, p. 4]
Les PPP risquent non seulement d’affecter la sécurité des transports, mais la pérennité même des infrastructures.