Eric J. Hobsbawm
Les bandits
Lu par Mélanie Lafrenière
Eric J. Hobsbawm, Les bandits, Montréal, Lux Éditeur, 2008, 260 p.
Dans les interstices entre le rural et l’urbain, entre la crise de la société paysanne et l’émergence du capitalisme industriel, aux confins des territoires où l’État moderne peine encore à étendre son autorité, ont émergé, sur tous les continents, ces personnages qui ont de tout temps excité l’imagination populaire : les bandits. C’est à ce phénomène que s’intéresse l’auteur du célèbre Âge des extrêmes, Eric J. Hobsbawm, dans une étude publiée pour la première fois en 1969 et rééditée ici dans une version revue et augmentée par l’auteur.
« Forme primitive de l’insurrection politique », le banditisme social s’oppose certes à l’État, qui le criminalise, mais se mérite la sympathie de la société dans laquelle il émerge. Surtout, le bandit social devient plus qu’un problème de police pour les classes dominantes dès lors que, au contraire du simple criminel, ses forfaits (voler les riches, redresser les torts, venger l’injustice) entraînent le soutien des paysans. Il se mue ainsi en rebelle potentiel (comme Robin Hood ou Billy the Kid), ou même en général d’immenses armées paysannes (comme Pancho Villa).