Faire l’économie de la haine. Douze essais pour une pensée critique

No 049 - avril / mai 2013

Alain Deneault

Faire l’économie de la haine. Douze essais pour une pensée critique

Diane Lamoureux

Faire l’économie de la haine. Douze essais pour une pensée critique,
Alain Deneault, Montréal, Écosociété, 2011.

Ce recueil regroupe 12 contributions assez disparates. Certains textes sont de nature plus militante, alors que d’autres sont de nature universitaire. Certains avaient déjà été publiés dans des revues, d’autres non. La seule chose qui les unifie, c’est une protestation contre la marchandisation du monde et la colonisation de nos esprits par l’économicisme.

Les textes comprennent une introduction – qui ne réussit pas vraiment à donner une cohérence à l’ensemble – et une conclusion, en plus de cinq sections regroupant deux textes chacune : SLAPP, exper­tise et idéologie, paradis fiscaux, dénégations économiques et sports de masse.

À la lumière du « printemps érable », ces textes peuvent paraître soit prématurément vieillis, soit faiblement prémonitoires. La thèse de l’atrophie de l’espace public citoyen et son remplacement par la gouvernance a reçu un sérieux démenti avec la résurgence de l’activité et du débat citoyens depuis l’automne 2011 avec le mouvement Occupons Montréal, la grève étudiante et les protestations contre l’infâme loi 12. La critique de la colonisation de nos esprits par l’économicisme a été, de son côté, amplifiée par le discours critique sur le néolibéralisme et la marchandisation de l’éducation.

Il n’en reste pas moins que ce recueil instaure un dialogue intéressant avec deux auteurs importants pour le développement de la pensée critique. D’abord, Georg Simmel, un sociologue allemand de la Belle Époque injustement négligé et qui nous a donné de très belles pages sur la culture du capitalisme et surtout sur le fétichisme de l’argent dans les sociétés indus­trielles. Ensuite, Jacques Rancière, dont les travaux sur la démocratie rencontrent un écho croissant.

La thèse qui sous-tend ces essais est que le néolibéralisme représente, à travers la compétition géné­ralisée, une apologie de la haine. De même, ce grand niveleur qu’est l’argent permet d’évacuer tout débat social sur la justice et l’injustice au profit d’un débat comptable sur le plus ou le moins. À ce titre, l’ouvrage a le mérite de maintenir éveillée l’inquiétude citoyenne.

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