Mort d’un grand écrivain
Amadou Kourouma
par Claude Rioux
Éternel rebelle, géant de l’humour et maître du détournement de la langue française, Amadou Kourouma était l’un des écrivains les plus connus d’Afrique noire. Avant de publier son premier roman, Le soleil des indépendances (1970), il avait déjà connu l’exil en Algérie, fuyant le régime de Félix Houphouët-Boigny à cause de ses convictions communistes. Son plus remarquable roman est sans aucun doute En attendant le vote des bêtes sauvages (1998). Le titre de cet ouvrage, une satire coriace sur les chefs d’État africains, est inspiré d’une remarque que lui fit un cuisinier alors qu’il résidait au Togo : « Si les hommes refusaient de voter pour Eyadema, les bêtes sortiraient de la brousse pour voter pour lui ». Son dernier livre, Allah n’est pas obligé (2000), donne la parole à un enfant-soldat qui raconte « sa vie de merde » dans les guerres du Liberia et de la Sierra Leone. Amadou Kourouma est décédé à l’âge de 76 ans, le 11 décembre 2003, à Lyon.