Yves Citton
Renverser l’insoutenable
Renverser l’insoutenable, Yves Citton, Paris, Seuil, 2012, 212 p.
Ce livre part d’une intention prometteuse : l’identification de l’insoutenable de notre époque. Cet insoutenable est relié à cinq phénomènes affligeants : la destruction de l’environnement (l’insoutenable écologique), le harcèlement productiviste visant les individus (l’insupportable psychique), le sort réservé aux populations misérables (l’inacceptable éthique), les coupes budgétaires génératrices de chômage et d’exclusion (l’indéfendable politique) et le déferlement médiatique d’une société du spectacle aliénant les esprits (l’intenable médiatique).
Pour Citton, cet intenable multiforme n’a rien d’inéluctable. Puisqu’il en est ainsi, il se propose d’esquisser les contours d’une nouvelle pensée politique permettant de faire pression sans attente fiévreuse du « Grand soir ». C’est à travers une politique des « gestes » (des contre-conduites) qu’il envisage le renversement paradigmatique de ces tendances néfastes.
Nous souffrons d’une multitude de pressions (écologiques, psychologiques, salariales, fiscales et médiatiques), il s’agit maintenant de réaliser, selon l’auteur, que nous disposons du pouvoir de renverser la tendance par des pressions appropriées. Citton nous invite à passer de la révolution aux « renversements ».
L’auteur exagère l’importance de la « pression ». Il en fait une nouvelle figure d’une action politique sans combat, sans violence. Après la lecture des premières pages, mon enthousiasme s’est transmué en scepticisme. Cet ouvrage comporte des failles majeures. Les nouvelles pratiques de résistance proposées (pressions, gestes et renversements) sont mal argumentées. Résultat, la démonstration débouche sur des perspectives stratégiques peu crédibles. Bref, ce livre ne m’a pas véritablement convaincu de sa pertinence.