Contre-histoire du libéralisme

No 054 - avril / mai 2014

Domenico Losurdo

Contre-histoire du libéralisme

Livres

Guy Roy

Domenico Losurdo, Contre-histoire du libéralisme, Paris, Éd. la Découverte, 2013, 300 p.

On connaît Losurdo, ce philosophe italien engagé dans le mouvement communiste de son pays et à l’international, où il exprime l’une des critiques les mieux argumentées contre le libéralisme. Son approche historique permet un vaste survol du déploiement de ce courant politique à partir des grandes révolutions bourgeoises.

Ce qu’il y a de singulier dans ce prodigieux travail, c’est la grande érudition qui laisse le lecteur abasourdi par la manière dont se déroule sous ses yeux une fresque historique de la naissance et de l’évolution du libéralisme. Dans cet ouvrage, Losurdo perpétue un sens de la vulgarisation qui appartient à la grande tradition marxiste impliquée dans une lutte idéologique contre les différents défenseurs du libéralisme actuel. En critiquant sans concession ce libé­ralisme depuis ses origines, il écorche au passage son fils naturel, le néolibéralisme.

Théoriquement condamné depuis plus de deux siècles, le libéralisme apparaît toujours vulnérable dans ses ambitions de « régler le sort du monde » et de faire le procès inquisiteur du socialisme au nom de la démocratie libérale qui lui serait supérieure.

La déchéance du néolibéralisme, dans ses pires aspects, comme inspirateur de la « gouvernance » des sociétés capitalistes modernes illustre bien ses limites. Dès ses débuts historiques, le libéralisme cohabite sans retenue avec l’esclavage. À vrai dire, l’expérience que l’humanité fait maintenant de ses prétentions nous démontre qu’il n’est pas si bête de nous adonner, à notre tour et dans nos propres médias, à la promotion de valeurs socialistes pour des formes de gouvernement nouvelles qui, elles, n’ont pas épuisé leur rôle historique pour inspirer un pouvoir innovateur et au service des gens.

Il est donc approprié de noter que la promotion du néolibéralisme n’est pas seulement responsable des dommages aux services publics dans tous les pays du monde. Il sert aussi de prétexte à l’empiétement dans les néo-colonies avec de plus en plus de moyens militaires. Ne faut-il pas apporter le « salut » aux peuples barbares ? Cette délivrance étant bien sûr conditionnée par une soumission aux stratégies de domination néolibérales et impérialistes.

On peut cependant se réjouir de la riposte salutaire des peuples dans l’élaboration d’une solidarité Sud-Sud qui annonce pour la planète un impérialisme confiné à ses terres par un monde multipolaire.

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