Dossier : Résistances autochtones

Voix autochtones

La pensée, la résistance et l’espoir des Premières Nations dans les trois Amériques

Donna Larivière, Pinote

Voix autochtones est une émission diffusée sur la radio communautaire CKIA FM de Québec portant sur les actualités politiques, sociales, culturelles et artistiques des Premières Nations, le tout accompagné de musique autochtone contemporaine et traditionnelle. Rencontre avec la réalisatrice et animatrice, Donna Larivière, de la nation algonquine.

À bâbord ! : Pouvez-vous nous présenter Voix autochtones ?


Donna Larivière
 : L’émission a débuté en avril 2004 à l’initiative d’étudiantes et étudiants autochtones de l’Université Laval afin d’offrir une tribune d’expression aux Autochtones qui vivent dans la région urbaine de Québec et partout à travers le monde via Internet. Présentement, l’équipe est formée de moi-même et deux autres animatrices, Véronique Audet et Marlène Bordeleau. L’émission annonce des événements, des actualités dont on ne parle pas dans les médias traditionnels, et est agrémentée de musique autochtone du Québec et d’ailleurs. On reçoit aussi des invité·e·s. Au fil des années, on est devenu un pôle de diffusion pour les artistes autochtones.

ÀB ! : Quel rôle joue Voix autochtones ?

D.L.  : C’est une occasion pour les Autochtones de la grande région de Québec et les Allochtones de suivre les actualités autochtones, d’entendre des entrevues sur des sujets généralement peu abordés, d’avoir un autre point de vue. Je sais que l’émission est écoutée dans les communautés et à travers le monde par Internet, on a aussi plus de 3 000 personnes qui nous suivent sur Facebook.

ÀB ! : Pourquoi est-ce important de diffuser des artistes autochtones ?

D.L. : Il est très difficile pour les artistes auto­chtones de percer dans l’industrie de la musique, de sortir de leur communauté, de correspondre aux critères pour les subventions. De plus, il y a la question de la langue, sur les radios commerciales ou publique, 60 % du contenu doit être en français. Mais la plupart des artistes écrivent dans leur langue autochtone. Pour être diffusée, il faut que la pièce soit en partie en français, comme le fait Samian, un jeune rappeur de la communauté de Pikogan en Abitibi.

ÀB ! : Samian est un exemple d’artiste auto­chtone qui a percé au « Québec », est-ce qu’il est emblématique d’une génération ?

D.L. : Samian dénonce dans ses chansons son vécu en tant que Métis de mère algonquine, sa réalité, les injustices. Le hip-hop et le rap, qui signifie « rythme et poésie » sont des formes musicales très accessibles pour les jeunes. La musique est faite sur ordinateur et peut être enregistrée chez soi, c’est populaire, à la mode, ça rejoint les jeunes des communautés autochtones. Mais ça rejoint aussi des personnes de tous âges qui aiment aller voir Samian pour écouter ses paroles et ce qu’il a à exprimer. D’autres artistes sont à découvrir comme Arthur Petiquay, un Atikamekw ou Laurent McKenzie, un Innu de Schefferville.

ÀB ! : Est-ce que Voix autochtones sort des studios ?

D.L. : On n’organise pas d’événements ou de mobilisation, mais on est recherchistes de terrain, à temps plein ! Personnellement, je suis impliquée avec Femmes Autochtones du Québec, je particpe aux événements d’Idle No More et du Mouvement des Premiers Peuples du Québec, j’essaie de suivre ce qui se passe.

ÀB ! : Est-ce que vous vous reconnaissez dans le titre du dossier : Résistances autochtones  ?

D.L. : Oui parce que notre slogan c’est « la pensée, la résistance et l’espoir des Premières Nations dans les trois Amériques » ! À Voix autochtones, on dénonce les conditions de vie des Autochtones. On veut faire découvrir qui sont les Premières Nations. On ne parle pas seulement des problèmes sociaux, mais de la culture, de la musique, traditionnelle comme contemporaine, on couvre les événements, on montre un côté positif de la réalité autochtone.

ÀB ! : Quels sont les enjeux des mobilisations à venir cette année ?

D.L.  : Les compagnies de pétrole et les gaz de schiste, les sables bitumineux ; Harper n’arrête pas de présenter des lois omnibus qui touchent à l’environnement. La terre pour les Autochtones, c’est la survie. Quand les gros projets d’hydrocarbures arrivent, ça vient polluer les eaux, les lacs, ça a de gros impacts sur la santé des communautés environnantes et leur mode de vie. Quand on ne sera plus là, c’est nos jeunes qui vont être pris avec ça.

Il y a aussi des enjeux qui touchent spécifiquement les femmes autochtones à cause de la Loi sur les Indiens. La santé aussi est un problème dans les communautés, il y les problèmes de consommation, des problèmes sociaux… On aimerait ça que ça se règle.

En revenant du bureau, je n’arrêtais pas de penser à Harper qui donne des millions à d’autres pays tandis qu’ici au Canada il y a beaucoup de communautés qui vivent comme dans le Tiers Monde, avec des logements malsains et surpeuplés, l’eau contaminée, etc. Pourquoi ne s’occupe-t-il pas des communautés autochtones ? J’aimerais ça que le gouvernement fédéral s’occupe un peu de nous au lieu de nous tourner le dos.

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