Dossier : Vieillir
Cercles de mémoire-connaissance. Un partage intergénérationnel
Mes enfants ne savent pas que leurs grands-parents maternels ont vécu la pauvreté, ne sont pas allés à l’école bien longtemps, ont trimé toute leur vie pour nous nourrir et faire éduquer le seul garçon de la famille. Ils ne savent pas que leur grand-père paternel a fait la Deuxième Guerre mondiale. Jamais il n’en a parlé : trop de douleur ? Leur grand-mère paternelle, elle, aurait adoré chanter.
À force d’observer ou de subir les phénomènes de l’exclusion, du harcèlement, de la domination, du cloisonnement générationnel, des inégalités sociales, etc., le besoin de mettre en commun la tristesse, la colère, la joie, les interrogations et de les danser avec des gens de tous âges a émergé chez moi. Pour constater, ressentir, partager, pleurer, panser…
Ce projet à caractère collectif se définira au fur et à mesure par et pour les personnes participantes. Le but n’est pas de constituer des archives ni des documents, mais bien de meubler les mémoires pour les enrichir mutuellement.
Comment et à quel sujet ?
On pourrait créer une page Facebook d’où il serait possible à chacun·e de lancer une invitation à une date qui convient, et de recevoir les personnes disponibles. Par exemple, les premiers jeudis du mois, des gens de tous âges participeraient à une rencontre portant sur un thème précis. De ces rencontres pourraient découler d’autres activités selon les champs d’intérêt des participant·e·s. Je pense à des discussions avec animation, des cercles de paroles, des expressions/créations collectives, des expériences de décentrement, de simples présentations ou, pourquoi pas, des débats.
Les thèmes abordés pourraient correspondre à ceux de cette liste, qui demeure ouverte.
* Les luttes de chacun·e, tout comme les enjeux sociaux d’aujourd’hui et ceux d’hier.
* Les conditionnements et les cycles des recommencements ; constater, danser la tristesse, pleurer ensemble, respirer ensemble, rire ensemble ; nature et culture ; culture du bavardage versus culture du silence.
* L’interrogation de ce qui nous met en mouvement : la biologie, la spiritualité, la perception des injustices, la sensation du mouvement des autres, l’expression, l’écoute ou la quête de liberté.
* Les obstacles psychologiques, physiques, sociaux, politiques, qui limitent l’accès à la liberté et les chemins pour les surmonter.
* Les cloisonnements et les préjugés générationnels mutuels, notamment la richesse supposée des baby-boomers ou l’incapacité à travailler qu’on attribue aux enfants du millénaire.
* Les souvenirs des moments d’autrefois, comme les fêtes qu’on ne célèbre plus, les quartiers oubliés, les villages disparus, les coutumes négligées.
Les lieux de partage et les paramètres à respecter
Pour déterminer un lieu de rencontre, il suffit de penser aux thèmes et aux activités prévus. Des établissements tels les cégeps, les maisons de la culture, les centres communautaires, les maisons pour personnes âgées, les garderies, les centres jeunesse, les CLSC ou les CHSLD sont à explorer. Soyons créatifs/créatives et investissons des espaces auxquels on ne pense généralement pas : les lieux de pause dans certaines entreprises, des locaux inoccupés, des centres commerciaux et même les quais de métro.
Bien entendu, tout groupe pourra s’approprier ce projet, le décliner à sa guise tout en respectant certains paramètres fondamentaux, dont la gratuité totale. Il ne s’agit pas de créer un service d’entraide et encore moins un service payant. Et pour garantir un projet par et pour tous et toutes, il faut s’assurer d’un mode de fonctionnement collectif et horizontal.
Je souhaite que l’idée de tels collectifs de mémoire-connaissance fasse son chemin, qu’elle circule, qu’elle vive, que les mémoires s’activent. On peut me contacter à ncllavergne AT gmail DOT com.