Aube dorée - Le livre noir du parti nazi grec

No 057 - déc. 2014 / janv. 2015

Dimitris Psarras

Aube dorée - Le livre noir du parti nazi grec

Diane Lamoureux

Aube dorée. Le livre noir du parti nazi grec, Dimitris Psarras, Montréal et Paris, M éditeur et Syllepses, 2014.

Depuis plusieurs années, la Grèce est la scène de mobilisations politiques importantes contre les mesures d’austérité imposées par les agences financières internationales, les instances européennes et relayées sans états d’âme par ses gouvernements successifs. C’est aussi le lieu de déploiement de plusieurs groupes d’extrême droite, nostalgiques de la dictature des colonels, nationalistes, racistes et homophobes. Parmi ces groupes, il en est un qui se distingue par sa revendication de l’héritage nazi et sa volonté de le mettre en application en Grèce, Aube dorée, ou dans son appellation grecque Chryssi Avgi.

Les deux éditeurs ont voulu unir leurs efforts dans une perspective de lutte antifasciste et dans une volonté très claire de contribuer à faire pencher la balance du côté du ¡no pasarán ! [1] dans un contexte où l’extrême droite connaît un essor important un peu partout en Europe et devient même une force politique « respectable » dans plusieurs pays. Quant à l’auteur, le journaliste Dimitris Psarras, il nous offre une description détaillée des origines, de l’idéologie et des moyens d’action d’Aube dorée. Le parti politique a peut-être été interdit en septembre 2013 et certains de ses dirigeants font face à des poursuites judiciaires, mais il ne faudrait pas crier trop tôt victoire, car « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » (Brecht).

On peut donc suivre l’activité d’Aube dorée dans ses diverses ramifications. Discours idéologique et formation de militants, mise en place d’une organisation à la fois politique et militaire, passages à tabac et assassinats d’immigré·e·s ou de militant·e·s antifascistes ne sont que quelques aspects du bilan peu enviable de cette organisation. Qui plus est, celle-ci jouit de soutiens importants autant dans la droite nationaliste plus « respectable » (le parti LAOS, dont l’acronyme veut dire peuple) que dans les forces de police (dans les bureaux de vote réservés à la police, le vote en faveur d’Aube dorée a pu atteindre jusqu’à 23,4 % des suffrages) et l’appareil judiciaire, ce qui explique probablement que les sections d’assaut de l’organisation aient pu agir dans une relative impunité. De plus, des médias à la recherche de bonnes histoires ont souvent été prompts à donner une tribune à ce parti qui veut nettoyer la Grèce des étrangers, des démocrates, des homosexuel·le·s, des féministes, des communistes, des Juifs, des syndicalistes et des anarchistes.

C’est là un ouvrage essentiel à tout travail d’autodéfense intellectuelle.


[1« Ils ne passeront pas ! » Ce slogan constituait la conclusion de la militante communiste Dolorès Ibarruri lors d’un meeting des forces antifascistes à Madrid durant la guerre civile espagnole. La thématique est reprise dans la conclusion de l’ouvrage.

Thèmes de recherche Europe, Livres
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