Pascale Dufour
Trois espaces de protestation
Trois espaces de protestation, Pascale Dufour, PUM, Montréal, 2013, 289 p.
L’auteure cherche à dégager les ressemblances et les différences dans la lutte contre la mondialisation entre trois pays, la France, le Canada (vu à la lumière de l’Ontario) et le Québec durant les années 1985-2007. Quatre types d’acteurs sont concernés : les groupes d’affinité, les acteurs sociaux qui se sont constitués en organisations (comme ATTAC en France), les syndicats et les partis politiques. L’action politique de ces acteurs peut s’inscrire dans deux « arènes » différentes : l’arène électorale et l’arène sociale. La première regroupe la démocratie électorale fondée sur la délégation de pouvoir et la démocratie de participation qui vise à obvier aux faiblesses de celle-ci par la participation directe des citoyens·nes. La deuxième comprend la démocratie de protestation fondée sur l’affrontement direct avec l’État et la démocratie sociale dans laquelle des acteurs sociaux cherchent à influencer l’État par une politique de partenariat.
Cette vingtaine d’années de luttes est elle-même divisée en trois périodes : « Dans un premier temps (1985-1995), la mondialisation fait son entrée comme problème dans le débat public, mais demeure en général une problématique circonscrite, voire sectorielle (sauf au Canada où elle représente d’emblée une question nationale et internationale). Dans un deuxième temps (1995-2000 ou 2005 suivant les sociétés), la mondialisation est clairement partout un enjeu de luttes ; les espaces de protestation mondiale sont très actifs et une majorité d’acteurs se positionne par rapport à l’enjeu. Nous pouvons parler de “l’âge d’or des luttes contre la mondialisation” (sauf au Canada, encore une fois, où il y a déjà un reflux dans cette deuxième période). Dans un troisième temps, nous notons un reflux de l’espace, qui se contracte, même si de plus en plus d’acteurs l’investissent. En fait, les espaces de protestation mondiale sont de plus en plus traversés par des conflits entre les acteurs qui minent le potentiel de convergence de celle-ci tout en poursuivant l’approfondissement de l’appropriation de l’enjeu de la mondialisation pour certains acteurs. » (p. 35)
L’ampleur du projet et la multiplicité des informations à traiter ont engendré un texte touffu qui requiert une lecture attentive pour quiconque veut en retirer des lumières pour mieux comprendre, dans leur diversité, leur convergence et leurs conflits, les luttes contre la mondialisation néolibérale des dernières décennies