Sommet du G7 à la Malbaie. De la répression à la résistance

No 074 - avril / mai 2018

Éditorial du no 74

Sommet du G7 à la Malbaie. De la répression à la résistance

Le Collectif de la revue À bâbord !

À Bâbord ! vous invite au lancement de son 74e numéro : Justice pour toutes !

Rendez-vous dès 18h le 19 avril à la librairie féministe L’Euguélionne (1426 rue Beaudry, Montréal). Nous tiendrons une table-ronde formée d’autrices du dossier. Tous les détails ici.

Entrée libre, bienvenue à toutes et à tous !

Le 8 et 9 juin se tiendra le Sommet du G7 dans la région de Charlevoix, à La Malbaie, la grande rencontre annuelle d’un club très sélect d’États puissants et un eévénement au coût astronomique pour la population canadienne. Uniquement pour le budget de sécurité, on prévoit déjà près de 400 M$ qui serviront à mobiliser une force policière importante ainsi qu’à acquérir de l’équipement sophistiqué de surveillance et de contrôle des foules. Des lobbys puissants de l’armement policier profitent de ces occasions pour vanter les mérites de tout un arsenal d’armes dites « non létales » et autres gadgets qui sont tout aussi mortels que ce qui est qualifié d’arme létale. Rappelons que les coûts de ces événements ne cessent de gonfler, principalement en lien avec la défense militaire des élites qui s’y rencontrent. Ce business lucratif conduit à une militarisation importante de la police, qui devient de plus en plus dangereuse pour les manifestant·e·s.

À l’occasion des événements passés, que ce soit au Sommet des Amériques en 2001 ou lors du G20 à Toronto en 2010, les forces policières ont procédé à des centaines d’arrestations. En suscitant la peur, il s’agit d’une façon détournée d’amener les individus à rester chez eux. Cet été, si on souhaite se prémunir du droit de manifester son désaccord face à cette rencontre des puissants, un enclos qualifié de « zone de libre expression » sera disponible à 1,5 km du Manoir Richelieu où se tiendra la rencontre. Dans cette belle agora munie de clôtures de deux mètres de haut, vous pourrez crier autant que vous voudrez votre indignation, bien encadré·e·s par les forces de l’ordre, sans droit de circuler dans la ville de La Malbaie. Zone interdite versus zone de « libre expression », cette délimitation des espaces et la surveillance des mouvements des populations nous amènent toujours plus près d’un monde orwellien. Bref, vous ne dérangerez personne. Il ne faudrait surtout pas perturber cette rencontre importante qui profite à une élite fièrement représentée par les dirigeant·e·s occidentaux.

L’illégitimité du G7 doit être constamment rappelée. Ce groupe cherche à agir comme un gouvernement mondial informel, qui déciderait des orientations les plus importantes de l’économie globale. Ses décisions sont prises à l’abri des regards, dans une pure optique néolibérale et au détriment des populations les plus exploitées. Une semaine avant cette rencontre, la région accueillera des représentant·e·s de multinationales des pays membres du G7 pour discuter de propositions à soumettre aux élu·e·s lors du sommet. Il va sans dire que les citoyennes et les citoyens ne possèdent pas une aussi belle tribune pour exprimer leurs visions d’une économie plus juste et équitable, à part l’enclos à manifestant·e·s. Ce montant faramineux de 400 M$, assumé par la population canadienne, servira donc à brimer nos propres droits à manifester. Quel bel exercice de démocratie !

À travers ce cirque politique, c’est la normalisation d’un État d’exception qui se profile : suspension du droit de circuler et de manifester, surveillance accrue des populations et présence constante de l’armée. En ce sens, la barrière autour du Manoir Richelieu a été achevée au mois de février et l’armée est très fortement présente sur le territoire. Celle-ci a même entamé une tournée dans les écoles primaires de la région pour expliquer aux enfants les bienfaits de leur présence sur le territoire. Les résidant·e·s de La Malbaie ont déjà en leur possession des cartes avec photo leur permettant de circuler dans leur propre ville. Il s’agit donc s’habituer tranquillement à être constamment sous le regard des forces armées et du contrôle étatique de nos mouvements.

La présence de Trump risque d’attirer toute l’attention des militant·e·s, mais plus largement, le G7 est porteur d’un néolibéralisme destructeur, peu importe les figures politiques qui y sont présentes. C’est contre l’illégitimité de cette structure qu’il faut se battre ! Depuis plusieurs mois, des comités planifient la formation, le transport, l’hébergement et le soutien légal entourant cette importante mobilisation. Pour s’impliquer dans son organisation, le collectif Réseau Résistance Anti-G7 a déjà tenu plusieurs assemblées générales dans la région de Montréal et appelle à un contre-sommet du 7 au 9 juin à Québec. À bâbord ! appuie sans réserve cette mobilisation et invite l’ensemble des forces militantes à s’y impliquer !

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