Normand Baillargeon
À la table des philosophes
Normand Baillargeon, À la table des philosophes, Québec, Flammarion, 2017, 207 pages.
On reproche souvent à la philosophie, tout comme aux philosophes d’ailleurs, un éloignement apparent de la réalité. On pense, à tort, qu’ils vivent dans un autre monde, qu’ils s’intéressent exclusivement aux réalités extrasensibles. On accuse la philosophie de se camper dans les hautes abstractions et de refuser le quotidien. Bref, on pense que la philosophie est une entreprise sérieuse qui doit s’intéresser justement aux phénomènes sérieux. Voilà que l’ouvrage de Baillargeon, comme beaucoup d’autres, remet en question cette réputation en portant son intérêt sur l’un des gestes les plus banals de notre quotidien : manger.
Nous nous nourrissons. Nous avons tous et toutes un rapport singulier à la table. Les philosophes aussi. Il y a une universalité dans la nutrition qui en fait un objet incontournable pour le philosophe. L’être humain se définit en mangeant, voilà le point de départ de cet ouvrage et ce qui, à la fois, en assure toute sa pertinence.
D’abord, il faut dire à quel point la facture matérielle de l’ouvrage semble être la copie conforme du monde des idées parfaites de Platon tant il est beau. La qualité et la pertinence des illustrations de Raymond Biesinger incarnent l’union entre la forme et le contenu. Puis, il y a la langue de l’auteur. Un discours qui magnifie le quotidien, l’histoire, le potin du philosophe. Baillargeon est un humain curieux et sa curiosité nous abreuve. Il s’intéresse à des aspects de la réalité qui nous laissent souvent indifférents. Il s’émerveille et il nous étonne.
Au menu : Kant et le vin, Thomas d’Aquin et la gourmandise, Jean-Jacques Rousseau et les produits locaux, Jeremy Bentham et le végé, Descartes et le supermarché, Maître Dogen et le thé, Condorcet et l’omelette, Platon et l’art culinaire, Sartre et les régimes et Nietzsche en sauce.