Benoit Lacoursière
Le Mouvement étudiant au Québec de 1983 à 2006
lu par Benoit Renaud
Benoit Lacoursière, Le Mouvement étudiant au Québec de 1983 à 2006
Montréal, Sabotart Éd., coll. « Mémoire & Luttes », 2007, 179 p.
C’est à partir de son mémoire de maîtrise que Benoît Lacoursière a constitué cet ouvrage tant attendu, lequel prend le relais du livre de Pierre Bélanger [1] diffusé par l’Association nationale des étudiantes et étudiants du Québec (ANEEQ) en 1984. Il nous présente en moins de 200 pages une vue d’ensemble très bien structurée des enjeux, des organisations et des mobilisations allant de l’opposition à la Loi 32 en 1983-1984 au dégel des frais instauré par le gouvernement Charest après sa réélection au printemps 2007.
Ce qui ressort de l’ensemble de sa présentation est la division du mouvement étudiant, à partir de la fin des années 1970, entre deux grandes tendances irréconciliables. C’est à la suite de la première confrontation entre une mobilisation étudiante massive et un gouvernement du Parti québécois – la grève sur les prêts et bourses de 1978 – que cette division s’est installée. Elle oppose, d’un côté, des associations étudiantes préconisant la concertation avec le pouvoir, des revendications raisonnables et le recours occasionnel et souvent réticent à la mobilisation ; et de l’autre, la continuité de la tradition plus combative établie dans les années 1960 autour de la revendication d’une éducation pleinement accessible et démocratique, et qui a été au cœur de huit grèves générales illimitées. Il n’est pas surprenant de constater que la première tendance est généralement dirigée par de jeunes péquistes, tandis que l’autre est animée par des personnes issues de groupes de gauche et d’extrême-gauche.
L’auteur ne cache pas sa sympathie pour la tradition combative et radicale incarnée tour à tour par l’ANEEQ, le Mouvement pour le droit à l’éducation (MDE) puis l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ). Il critique sévèrement les conceptions et les agissements de leurs adversaires, le Rassemblement des association étudiantes universitaires (RAEU) et la Fédération des associations étudiantes collégiales du Québec (FAECQ) – jusqu’en 1987 – ainsi que la FEUQ et la FECQ (à partir de 1989). Mais il ne se gêne pas non plus pour reconnaître des erreurs commises par son camp et rend compte avec honnêteté des réflexions et des actions des associations qu’il désapprouve.
Son exposé constituera pendant longtemps un incontournable pour les militantes et les militants qui voudront lutter contre la marchandisation de l’éducation et les politiques néolibérales. Espérons qu’il inspirera d’autres études sur le mouvement étudiant, dans ses dimensions sociologiques ou à travers des récits plus détaillés et plus personnels, par exemple.
[1] Le mouvement étudiant québécois : son passé, ses revendications et ses luttes couvrait la période allant de 1960 à 1983.