Le développement peut-il encore durer ?
L’énergie du désespoir
Un dossier coordonné par Gaétan Breton
Les États-uniens forment moins de 5 % de la population de la planète. Ils utilisent pourtant 40 % de l’énergie. Il est certain, à ce taux, que le reste de la planète ne peut envisager un développement à l’étasunienne et que d’autres modèles vont devoir émerger.
Or, le président Bush déclare que le mode de vie des États-uniens n’est pas négociable, ce qui constitue une déclaration de guerre énergétique à la planète entière. Les sources de ce 40 % d’énergie dépassent, pour le moment, largement les frontières états-uniennes et le président est prêt à tout pour se les approprier.
De plus, ses allégeances texanes et le soutien des grandes familles saoudiennes le confinent dans les énergies fossiles non renouvelables dont les prix sont grossièrement manipulés par les compagnies sur un non-marché complètement contrôlé par une poignée de joueurs.
Selon les experts, ces énergies fossiles sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais l’augmentation du profit des entreprises spécialisées dans ce domaine est le premier facteur influençant les décisions de la Maison blanche. Pendant que ces profits colossaux financent des politiciens véreux, la calotte glacière fond à une vitesse qu’on ne soupçonne pas dans les régions tempérées. Déjà le pergélisol n’est plus gelé en permanence et les maisons qui s’y trouvent ont l’air plus bancales encore que celles du Plateau-Mont-Royal.
Les glaciers reculent à une vitesse qui permet de voir très clairement la différence d’une année à l’autre. Certaines îles du Pacifique sont en train de disparaître et leurs habitants vont devoir émigrer. Ce ne sont pas les premiers réfugiés climatiques de l’histoire, mais sur une aussi courte période, c’est probablement le temps. Le nord de la Chine se désertifie à une vitesse tout aussi notable. L’air de Pékin est devenu irrespirable à cause des particules charriées par les tempêtes de sable qui y sévissent de plus en plus. La vitesse à laquelle se produisent ces phénomènes ne permet plus de tergiverser.
Pourtant, on continue d’ergoter sur le protocole de Kyoto. Mais comme le disait Hubert Reeves, de mémoire, nous fonçons dans un mur à 100 km/heure, avec Kyoto, nous fonçons à 90 km/heure. On dit maintenant que nous n’arriverons pas à nous conformer aux exigences de Kyoto alors que c’est de 10 Kyoto dont nous aurions besoin. Il y a péril et urgence en la demeure.
Notre dossier veut montrer, malgré l’espace limité dont nous disposons, que des solutions existent. Ces solutions se déclinent sur plusieurs modes : l’énergie éolienne, l’énergie solaire, l’énergie géothermique et, surtout, l’économie d’énergie. Nous y voyons aussi que les gouvernements ne sont pas la solution au problème car ils manquent totalement d’imagination et de compétence mais, surtout, ils sont totalement inféodés aux intérêts états-uniens qui traitent le Canada comme l’arrière boutique des États-Unis.
Un petit changement cosmétique ne suffira pas. Il faut remettre totalement en question non seulement nos habitudes de vie, mais surtout le contrôle sur ces habitudes qu’ont les grandes compagnies. Nous savons tous que des voitures fonctionnant en tout ou en partie aux énergies non fossiles existent, pourquoi nos gouvernements n’exigent-ils pas que seules ces voitures soient vendues ? Pourquoi n’investissent-ils pas massivement dans les transports collectifs ? Tout le système économique mondialisé, basé sur la spécialisation des pays et le transport constant des marchandises, implique l’émission massive de gaz à effet de serre. Nous devons revenir à une certaine autarcie et modérer nos transports. Bref, les solutions existent et sont connues, mais elles ne font pas sonner les caisses enregistreuses des multinationales actuelles et ainsi les caisses électorales de leurs pantins parlementeurs.
C’est donc une véritable révolution qui devient nécessaire, car le temps presse et la terre étouffe. La solution passe, bien sûr, par les comportements individuels, mais elle tient surtout aux décisions collectives prises par ceux qui nous gouvernent.