Assassinats de femmes autochtones
Une réalité cachée
par Claude Rioux
Selon un rapport d’Amnistie internationale publié en octobre 2004, au Canada, « les femmes autochtones âgées de vingt-cinq à quarante ans […] ont cinq fois plus de risques de mourir d’une mort violente que les autres femmes du même âge ». Un nombre inquiétant de cas d’agressions, de disparitions, ou de meurtres de femmes et de fillettes autochtones commis dans des grandes villes contribue à dissiper le mythe selon lequel ces femmes ne seraient victimes que des hommes de leurs propres communautés.
Racisme ou incompétence (ou les deux à la fois) de la police, inertie des citoyens et des citoyennes à l’égard d’une violence qui touche l’Autre, les causes de cette flambée de violence contre les femmes autochtones sont nombreuses et complexes. Si Amnistie internationale n’affiche aucune complaisance à l’égard de la violence contre les femmes et les enfants dans les familles et les milieux autochtones, ce n’est pas pour l’attribuer, comme l’a fait l’imbuvable ministre Jacques Chagnon, à une « différence culturelle » (sic !). Ce sont les conséquences de l’érosion de la culture autochtone qui doivent être pointées du doigt : « Les assauts répétés qui ont été lancés contre la culture et l’identité collective des autochtones […] ont sapé les bases de la société autochtone et contribué au sentiment d’aliénation qui est souvent à l’origine des comportements autodestructeurs et antisociaux. Chez les Autochtones, les problèmes sociaux sont dans une grande mesure l’héritage de l’histoire ».
Le rapport, intitulé On a volé la vie de nos sœurs. Discrimination et violence contre les femmes autochtones, est disponible sur le site d’Amnistie Internationale : www.amnistie.qc.ca