Les locataires crient au secours

No 047 - déc. 2012 / jan. 2013

Courrier

Les locataires crient au secours

Jean-Marc Piotte

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a mis sur pied une Commission itinérante sur le droit au logement qui rencontre, dans chacune des dix-sept régions administratives du Québec, des groupes qui se préoccupent des problèmes de logement et des individus qui en écopent. Les commissaires doivent présenter un rapport qui synthétise ces problèmes et résume les solutions suggérées.

Un logement stable, sain, sécuritaire et d’un coût abordable est la condition fondamentale d’une vie digne pour les plus démunis d’entre nous. Plusieurs organisations communautaires interpellées par ce besoin s’adressent à des groupes particuliers de la population : les assistés sociaux, les travailleurs au salaire minimum, les handicapés physiques ou mentaux, les jeunes sans foyer familial, les vieux sans emploi ou réduits au supplément de revenu de la pension fédérale, les personnes seules, les immigrants et les sans-papiers pour la région de Montréal, les itinérants, etc. Les plus désemparés sont les Inuits et certaines communautés amérindiennes qui, dans les réserves ou en villes, subissent une discrimination sur tous les plans.

Les condos se multiplient ; la construction de maisons de locataires est en chute libre ; des propriétaires transforment leurs logements en propriétés indivises ; de vieux logements deviennent des taudis, faute de réparations ; etc. Bref, de plus en plus de personnes ne trouvent plus à se loger de façon saine et abordable ou doivent y consacrer une part grandissante de leurs revenus, au détriment de la nourriture, des médicaments… La demande de logements sociaux croît tandis que l’offre stagne. De plus, leur financement à long terme (HLM, coopérative d’habitation et organismes sans but lucratif) par le gouvernement fédéral commence à prendre fin ou s’achèvera dans les prochaines années. Certains de ceux qui ont obtenu un logement social vivent dans l’insécurité du lendemain.

Le témoignage courageux d’individus affectés par ces problèmes est émouvant et troublant. Une femme âgée subit dans une petite ville des augmentations importantes de loyer par son nouveau propriétaire. Elle décide au bout de trois ans d’en appeler à la Régie. Le propriétaire se venge en la harcelant : il vide sans prévenir son casier de rangement dans le sous-sol, change une serrure pour bloquer l’accès à des espaces communs, réduit le chauffage, etc. Elle termine son témoignage en pleurs, révélant la peur de cet homme, bien qu’elle se soit finalement résignée à déménager dans un sous-sol humide et sombre qui la rend malade. Un autre, qui vient de divorcer, ne peut se permettre qu’un petit logement dans lequel il est incapable de recevoir ces trois enfants une fin de semaine sur deux. Il doit se résigner à les rencontrer un par un. Les témoignages se succèdent, différents les uns des autres, mais montrant tous une difficulté de vivre reliée à un logement non convenable.

Les locataires crient au secours. Les commissaires espèrent donner une telle répercussion à ces cris que les citoyens exigeront des solutions du fédéral, du provincial et des municipalités.

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