L’humanité en péril. Virons de bord toute !

No 081 - novembre 2019

Fred Vargas

L’humanité en péril. Virons de bord toute !

Claire Fortier

Fred Vargas, L’humanité en péril. Virons de bord toute !, Paris, Flammarion, 2019, 248 pages.

Vargas détient un doctorat en archéozoologie et a été pendant une vingtaine d’années chercheuse au CNRS. Elle est aussi militante de gauche et a signé en 2008 le texte Nous y sommes qui a été lu par Charlotte Gainsbourg à l’inauguration de la COP24 en 2018. « Nous y sommes… À la Troisième Révolution » après cinquante ans d’insouciance telle la cigale. Selon elle, cette révolution a déjà commencé parce que « mère Nature l’a décidé […] épuisée, souillée, exsangue, [elle] nous ferme les robinets ».

Terriblement déçue des résultats de cette COP24, l’auteure publie ce dernier livre quatre mois plus tard. C’est un cri d’alarme, un exposé théorique, un manifeste. Vargas mène l’enquête, examinant différentes données et analyses scientifiques. Les coupables ? La cupidité des industriels milliardaires et les États pris en otage par les lobbies de milliardaires. Le crime ? Ces coupables savent très bien que l’humanité est en péril et ils ne font rien. Sidérée devant l’inertie des gouvernements et leur désinformation volontaire, Vargas a pour souci premier d’informer les victimes, « Nous les Gens  », de l’état actuel de la planète. Elle fait le tour des continents pour cerner les impacts du réchauffement et de la dégradation de la terre. Elle brosse un tableau des recherches, des actions et des innovations en cours. Elle se dit du clan des « espérantistes […] misant sur la prise de conscience grandissante des populations ». Devant le laisser-faire des États, « Nous les Gens  », en étant bien informés, « avons notre voix dans l’urne [et] avons beaucoup à faire et sommes capables de peser lourdement sur l’indispensable changement à venir ». Pour que nous puissions restés vigilants, elle termine avec 44 actions que les gouvernements devraient rapidement mettre en branle et une douzaine d’autres pour que nous soyons actifs, individuellement, dès maintenant.

L’intérêt de ce livre est son enquête pour « mettre fin à la désinformation dont nous sommes victimes ». Le grand respect de Vargas pour le citoyen lui permet de garder espoir tout en étant consciente que si rien n’est fait d’ici vingt ans, la moitié de la population va disparaître. Il y a toutefois deux grands défauts à l’ouvrage. D’une part, son enquête donnerait moins le tournis si elle était mieux structurée, divisée en chapitres. D’autre part, pourquoi à ce moment-ci de l’histoire où il faudrait agir rapidement, aucun mouvement ne réussit vraiment à faire que nous « virions de bord  » ? Brassens dénonçait déjà cette insouciance en 1946, comme bien d’autres depuis : « Mais le peuple ne bouge pas. Il attend un miracle ».

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