Gallimard chez les nazis

No 035 - été 2010

Jean-François Poupart

Gallimard chez les nazis

Normand Baillargeon

Jean-François Poupart, Gallimard chez les nazis, Collection Essai Libre, Poètes de Brousse, Montréal, 2009.

La maison d’édition Poètes de Brousse lance une nouvelle collection appelée Essai libre, qu’elle voue à la « critique intuitive en matière d’art, de littérature, d’histoire et de société ». On lui souhaite une longue vie, aussi riche que celle qu’annoncent les deux premiers titres qui y paraissent.
Ce sont là des livres courts, mordants et qui mettent une écriture aux indéniables qualités littéraires au service de coups de sang fort bienvenus dans le paysage souvent trop lisse et plat de notre vie littéraire et intellectuelle.

Poupart prend prétexte de la célébration des 100 ans de la NRF pour revenir sur ce qu’a été, pour l’institution littéraire, la « toile noire » de l’occupation, de la collaboration et de l’épuration. Tant de compromissions, de bassesses, de lâchetés des uns et des autres, que Poupart rappelle méticuleusement. Un exemple entre mille : des propriétaires Juifs de maisons d’édition, comme Calmann-Lévy, ayant dû « céder » leur entreprise, Gallimard se propose aussitôt pour racheter et explique que sa maison à lui « est aryenne à capitaux aryens » (p. 25). L’ouvrage rappelle bien d’autres parcours d’écrivains connus – Sartre, Camus, Pagnol, Montherlant, etc. – souvent gênants, tristes ou pire encore. En bout de piste, quel terrifiant vacarme fait aujourd’hui, dans les pages de ce livre, ce « grand silence entretenu par les écrivains, les intellectuels, les éditeurs » (p. 29).

Et comment nous, aurions-nous agi et réagi ? Au nom de quoi ? Le livre soulève ces questions et quelques autres. Et risque quelques réponses.

Thèmes de recherche Littérature, Livres, Histoire
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