Présentation du dossier
Sortir du capitalisme
Un dossier coordonné par Christian Brouillard
Après les mornes décennies 80 et 90, marquées sous le signe du capitalisme triomphant et du tristement célèbre There is no Alternative, un vent nouveau de critiques s’est brusquement levé et n’a cessé de souffler des rues de Seattle (1995) à celles de Mumbaï (2004), témoignant ainsi de ce qu’un mouvement, complexe et multiple s’était formé pour remettre sérieusement en question la forme, la logique et la légitimité même de la mondialisation capitaliste.
Aujourd’hui, il est désormais demandé à ce mouvement de contestation d’aller au-delà de la seule dénonciation de ce qu’il rejette et d’avancer des propositions concrètes et des alternatives crédibles au système social, économique et politique actuel. C’est une demande à la fois légitime et impérieuse qui semble faire concensus comme en témoigne la mutation du mouvement antimondialisation en un projet global de plus en plus désigné comme altermondialiste.
La tâche qui nous attend est vaste et, on s’en doute, suppose de nombreux débats et réflexions : on ne peut donc que s’y atteler très humblement, mais aussi avec sérieux.
Le présent dossier est justement consacré à quelques voies de sortie du capitalisme dominant qui nous semblent dignes d’intérêt.
Il s’ouvre sur un rappel des mythes frauduleux et indéfendables du discours économique dominant, – par exemple la croyance en l’infaillibilité des marchés auto-régulés et en la nécessité d’une croissance sans bornes. Ce déblayage conceptuel permet par la suite d’aborder certaines expériences pratiques dans les domaines de la production et des échanges, telles l’autogestion et la création de Systèmes d’échanges locaux. Ces diverses pratiques économiques n’ont pas été sans effets sur la réflexion théorique qui a inspiré des expériences originales et prometteuses en cours, comme le modèle d’économie participative appelé l’Écopar.
On l’aura deviné : nous ne prétendons pas offrir ici des recettes « toutes-faites », applicables à tout moment et en tous lieux. Si seulement ce dossier peut contribuer à stimuler des discussions, à nourrir la réflexion et l’imaginaire pour développer des pratiques alternatives démontrant de manière crédible et convaincante qu’un autre monde est possible, alors nos efforts n’auront pas été vains.