Mini-dossier : Action communautaire autonome
Luttes antiracistes et autochtones
Des espaces communautaires en lutte !
Dans les communautés les plus démunies et les plus colonisées du Québec se constituent des organisations communautaires qui sont aujourd’hui des piliers essentiels dans la lutte pour la justice sociale.
De fait, plusieurs de ces groupes luttent pour les droits des communautés autochtones et des communautés racisées. Ces mouvements travaillent sur des enjeux de pauvreté, de féminisme et de changements climatiques. Ils sont quotidiennement au front, souvent sans moyens financiers, et uniquement grâce au temps et à l’énergie des militant·e·s qui s’y activent.
Ces organismes jouent un rôle politique important en pointant le racisme systémique dont font l’objet ces communautés et en faisant avancer tout le Québec sur des enjeux de justice sociale. Ces groupes qui osent décrier l’exclusion et le néo-colonialisme parlent véritablement d’inégalités sociales et économiques, car exiger une justice sociale pour les plus marginalisés bénéficiera non seulement à ceux-ci, mais à l’ensemble de la population québécoise. Ils font entre autres évoluer le discours féministe vers une perspective intersectionnelle qui vise non pas à diviser, mais à se solidariser pour ne laisser personne derrière.
Par exemple, le collectif Hoodstock est devenu au fil du temps une véritable pépinière de militant·e·s qui portent ces luttes. Né il y a 10 ans dans un des quartiers les plus pauvres du Canada, ce groupe s’est constitué à la suite de la mort de Fredy Villanueva abattu par un policier de Montréal. Ils et elles innovent avec des projets créatifs proposés par et pour la communauté et proposent aussi un modèle de société où l’on refuse d’échapper qui que ce soit à travers les mailles du système. Dans un autre ordre d’idée, l’initiative de consultation publique nationale sur le racisme systémique conduite de manière indépendante et autonome par des citoyen·ne·s est la preuve que ces mouvements antiracistes sont des fers de lance pour une plus grande justice sociale au Québec.
L’organisation communautaire portée par les centres d’amitié autochtone est un autre exemple des luttes pour la justice sociale. Elle porte dans ce cas sur les conséquences des politiques d’isolement et d’assimilation des populations autochtones qu’a mis de l’avant le gouvernement du Canada, notamment avec la Loi sur les Indiens. Ces politiques ont placé ces communautés dans un vaste trou noir culturel. Grâce à ces organismes communautaires, plusieurs personnes ont pu réussir la transition entre les communautés et les grandes villes. L’isolement, l’inaccessibilité des services ou d’un logement, l’absence complète de référents culturels ou même la barrière linguistique rendaient impossible l’accueil des citoyen·ne·s autochtones au sein des villes. Les centres d’amitié ont permis aux personnes qui cherchaient à s’établir en milieu urbain non seulement d’y trouver un point de départ, mais une communauté semblable à celle qu’elles laissaient derrière. Ce mouvement agit aussi pour défendre leurs droits, leur sécurité, leur langue et leur culture. Il s’agit d’un repère nécessaire pour une des populations les plus déplacées au Canada. Ces centres sont des filets de sécurité pour les personnes qui affrontent un nouveau milieu qui peut leur être hostile.
Au-delà de ces deux exemples, le travail de nombreux collectifs et organismes permet à des communautés isolées de s’organiser par et pour elles-mêmes. Ces groupes sont nés de la volonté des communautés racisées de répondre au besoin d’une égalité et d’une équité effective des droits. Ils sont certes marginalisés par l’absence de financement et l’invisibilisation de leur travail, mais ils sont tout aussi importants et légitimes que le reste du tissu communautaire traditionnel. Né des besoins de la communauté et porté par elle pour défendre les droits sociaux des personnes qui la composent, n’est-ce pas là l’essence du milieu communautaire ? Celui-ci gagnerait aujourd’hui à être solidaire de ces mouvements.