Mini-dossier : Action communautaire autonome
Communautaire et féminisme : espace d’égalité pour un monde juste
Les garderies populaires devenues des CPE, des maisons de la famille devenues des organismes communautaires, des groupes d’entraide devenus des centres d’éducation populaire. Des idées ayant émergé de groupes de femmes soucieuses de répondre aux besoins des familles, du quartier, du village, de la région, du Québec tout entier. C’est aussi ça, le mouvement communautaire québécois qui s’est bâti depuis les années 1960.
Le mouvement des femmes s’étant déployé en même temps que le mouvement communautaire, difficile de ne pas les imbriquer l’un dans l’autre. Tous deux revendiquent égalité, équité, justice. Ensemble, ils réclament de meilleures conditions de vie pour les personnes, individuellement et collectivement. Aujourd’hui encore, le mouvement communautaire autonome est composé de salariées à 85 %. Des travailleuses, des chômeuses saisonnières, des mères, des citoyennes, des locataires, des proches aidantes, des consommatrices, des contribuables.
Il s’agit aussi pour elles d’un espace social à investir pour faire avancer leurs revendications féministes. Les luttes pour le progrès social passent par les luttes pour l’amélioration de leurs conditions ainsi que celles des personnes qui leur sont chères. À travers le temps et les pressions politiques, la reconnaissance du mouvement communautaire a ainsi contribué à donner des leviers aux travailleuses pour améliorer leur sort : assurances collectives, régime de retraite, articulation travail-famille. La travailleuse communautaire que je suis, avec son chapeau de triple maman et de soutien familial, est bien contente de pouvoir compter sur des journées pour responsabilité familiale, des congés de « santé mentale » quand la soupape de la charge mentale et des doubles shifts explose. Je suis aussi bien contente de mon horaire flexible qui me permet de rencontrer la prof de mon plus vieux au milieu de l’après-midi.
Comme travailleuses du communautaire, nous luttons pour l’amélioration du sort du monde, et comme femmes, nous sommes la moitié du monde ! Le féminisme, c’est la quête de l’égalité entre les êtres humains, à travers une plus grande justice sociale. Il va donc de soi que le milieu communautaire soit traversé et porté par les valeurs féministes. Et comme le communautaire est l’un des espaces dont nous nous sommes dotés pour créer un monde juste, une évidence s’impose à mes yeux : le communautaire est féministe et le féminisme est communautaire.