Rémi Savard
La forêt vive. Récits fondateurs de la nation innue
lu par Marie-Hélène Côté
Rémi Savard, La forêt vive. Récits fondateurs de la nation innue, Boréal, 2004
La forêt vive de Rémi Savard, offre la transcription de quatre de ces récits, enregistrés en langue innue par l’auteur à La Romaine, en 1970. Ils ont depuis été traduits et analysés par plusieurs chercheurs, dont Savard, qui nous présente, à la suite de chaque récit, le fruit d’années de travail à travers ses commentaires étayés et illustrés de cartes, de tableaux, de schémas et de photos.
Les récits mythiques de Bellefleur partent de situations concrètes – telles des parents qui abandonnent leur enfant, un enfant qui doit devenir un homme, un grand-père qui a une relation incestueuse avec la fille de son fils ou simplement des scènes de la vie quotidienne – pour introduire les fondements moraux et spirituels de la culture innue. Ainsi, le public à qui ils étaient destinés apprenait et réfléchissait non seulement sur les comportements à adopter et les rôles de chacune dans la société, mais aussi sur la création du monde.
Tout au long de cet ouvrage, Savard s’attache à tisser les liens entre cette genèse et ses applications dans le mode de vie et de production des Innus, contribuant lui aussi à démonter le préjugé selon lequel les autochtones vivaient de l’air du temps. De plus, il tente de démontrer les parentés existant entre les peuples de la grande famille algonquienne et des peuples du continent eurasiatique, qui incluait jadis le continent américain, en soulignant les ressemblances dans leurs cosmologies respectives. À travers ces pages, j’ai bien reconnu le pédagogue dynamique et le chercheur passionné que j’ai connu au cours de mes études, capable de rendre accessible et intéressante une telle analyse anthropologique.