À bâbord !, le 1er septembre 2033
Pierre Ennecéest
Pierre Beaudet a mis la main sur un article issu du futur et nous l’a transmis dans le cadre de notre campagne d’abonnements.
Cela fait 30 ans qu’À bâbord ! persiste et signe. Certes, il y a des pépés et des mémés, qui étaient des proches collaborateurs, qui ne sont plus là. Ils avaient fait leur temps, il faut le dire.
On ne s’ennuie pas beaucoup, entre autres, de Pierre Beaudet. Il avait un bon cœur, mais il radotait un peu trop. Par chance, les camarades des NCS l’ont pratiquement mis dehors quand il a eu 85 ans. Entre-temps, il a su partir dans les étoiles en ayant le sentiment du devoir accompli. Les anciens jeunes qui animent la dernière revue marxiste au nord du Rio Grande arrivent maintenant à un certain âge pour ne pas dire un âge certain doivent aussi se demander quand prendre leur retraite.
Maintenant que Québec solidaire est le parti majoritaire dans une assemblée nationale éclatée entre 14 partis, on se demande combien de temps va durer notre chère Manon. Avant de devenir une ’tite vieille de 69 ans, elle nous a souvent dit qu’elle voulait laisser sa place, mais on l’a suppliée pour qu’elle reste au poste. On espère qu’elle puisse encore donner un coup de main pour le 8e référendum qui arrive à la fin de l’année. Cette fois-ci, les sondeurs et autres experts cravatés disent que cela sera la bonne, d’autant plus que la Colombie dite britannique et l’Alberta ont fait sécession en 2026 pour être annexés par la Californie.
Je suggère donc que le numéro du trentième anniversaire d’À bâbord ! rende hommage aux ancêtres. Mais je ne veux pas qu’on tombe dans une plate nostalgie. C’est sûr, nos pépés et mémés ont mangé toute une claque quand Harper est revenu au pouvoir après l’insipide Trudeau. Cela a été pire quand Gaétan Barrette est devenu premier ministre du Québec avec François Legault comme chef de la Sûreté du Québec et Mathieu Bock-Côté comme ministre de l’éducation. Cela n’était pas beau à voir quand ils ont essayé de fermer les cégeps et les CPE, mais là, rappelons-nous, ils ont frappé un os.
À ce moment, notre monde populaire a tenu tête et après quelques années de traversée du désert, les luttes ont été relancées, avec plus d’intelligence et de sens stratégique. Mêmes les Black Blocs ont appris à lancer des bouquets de fleurs au lieu des roches, ce qui les a rendus tellement sympathiques aux yeux des gens. Depuis, presque tous les jeunes du Québec ont collé, en souvenir d’un certain printemps 2012, le carré rouge sur leur téléphone intelligent, dont on annonce une dernière version encastrée derrière les oreilles.
Bon, aujourd’hui, il y a de nettes améliorations, mais la job n’est pas terminée. Montréal est devenu un grand jardin. Même la ville de Québec, en fermant le mois passé la dernière autoroute, s’est tellement transformée que les radios-poubelles sont en faillite. Il reste encore le bastion de la Beauce que le parti de la Meute domine outrageusement. Autrement, les syndiqué·e·s, en imposant, après 25 ans de lutte, la semaine de 15 heures, sont maintenant dispos pour vivre leur vie, même s’il y a beaucoup de vieux dont il faut s’occuper. Une chance que les résidences sont devenues des coopératives autogérées. Plus au nord, les Cris et les Atikamekw ont réussi à reprendre leur pachamama et à fermer les grands pollueurs.
Il y a donc quelque chose à célébrer. Maintenant qu’À bâbord ! est écoutée et vue sur le web 3.0 par 16 millions de personnes à l’ouest de la rivière Outaouais, il y a des possibilités. Achille Nadeau-Dubois, le fils de l’autre, est devenu la personnalité la plus aimée du Québec depuis qu’il est l’animateur-vedette de l’ancien réseau Quebecor acquis par À bâbord ! plus tôt cette année.
Nos vieux le disaient toujours : « on va gagner »…
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