Dossier : La « réforme » en (…)

Présentation du dossier

La « réforme » en éducation entre le pédagogique et le politique

Normand Baillargeon

Les collaborateurs au présent dossier se sont donné pour tâche de réfléchir sur les transformations récentes de l’éducation au Québec et sur les tenants et aboutissants de la réforme que nous sommes à mener et dont les maîtres mots sont compétences, constructivisme, projets.

On ne cherchera toutefois pas ici d’unicité de point de vue et le dossier aspire bien plus à faire entendre des voix souvent moins audibles qu’à atteindre un improbable consensus. Mais on trouvera bien ici un ensemble de préoccupations, communes à tous les auteurs : celle, d’abord, de ne pas renoncer à penser l’éducation à la jonction du politique et du pédagogique ; une certaine méfiance, ensuite, à l’endroit des sirènes réformistes et de leurs slogans ; une volonté ferme, enfin, de ne pas oublier d’introduire la variable de l’égalité dans chacune des nombreuses et complexes équations que nous amène à chercher à résoudre toute réflexion sur l’éducation.
Benoît Renaud trace d’abord un bilan des réformes, lancées ou accomplies, depuis le Rapport Parent et la Révolution Tranquille. S’il note des progrès importants, il rappelle en outre ce que ces réformes ont d’inachevé et souligne, avec raison, les effets induits par la mise en place progressive de politiques néolibérales. Renaud en appelle au mouvement syndical, au mouvement étudiant et à la gauche pour remettre à l’ordre du jour les valeurs que nous privilégions avec eux. Ce que nous devrons confronter pour cela est énorme, comme le montre l’article suivant, de Bernard Rioux, qui examine ce qu’il nomme la « contre-réforme » de l’éducation et son déploiement depuis une décennie. L’assaut contre l’école publique est mené sur plusieurs fronts et l’auteur les décrit tour à tour.

L’article qui suit est de Jean-Pierre Terrail, auteur d’ouvrages de sociologie de l’éducation ayant récemment beaucoup fait parler d’eux [1]. Terrail reprend la problématique de l’inégalité et la renouvelle en soulevant une hypothèse originale, qui mérite un examen attentif. La voici : « On ne saurait donc faire l’économie, pour peu que l’on ait le moindre souci de la démocratie scolaire, d’un examen sans tabous des effets réels des pédagogies “actives”, “douces” et “concrètes” qui sont aujourd’hui incontestées dans notre école élémentaire. »

Je soutiens pour ma part que le constructivisme, surtout mais pas seulement dans la version radicale si couramment adoptée au Québec, est un exemple patent d’une pédagogie faussement progressiste et politiquement néfaste, notamment pour les plus démunis. Les résultats de recherche sur les méthodes pédagogiques abondent dans le même sens, en particulier les enseignements qu’on peut tirer du projet Follow Through.

Que faire cependant, ici et maintenant, devant l’école de l’inégalité ? Que faire si, qui plus est, les actuels mouvements de réformes, loin d’éteindre nos inquiétudes, les attisent ? Ces questions sont pressantes et nous ne pouvions les ignorer. Et c’est pourquoi nous avons, pour clore ce dossier, donné la parole à Robert Cadotte, directeur du Centre de formation sur l’enseignement en milieux défavorisés récemment mis sur pied à l’UQAM. Cadotte nous explique les objectifs de ce centre et les ambitions du travail qu’il y accomplit.


[1De l’inégalité scolaire (2002) et École, l’enjeu démocratique (2004), tous deux parus aux Éditions La Dispute, Paris.

Thèmes de recherche Education et enseignement
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