La mort d’un grand
Kurt Vonnegut (1922-2007)
par Claude Rioux
Maître du roman satirique, Kurt Vonnegut est mort à New York le 11 avril dernier. Il avait 84 ans. Son roman le plus célèbre, Abattoir cinq (Slaughterhouse-Five, 1969), était inspiré par la destruction de Dresde, en Allemagne, en 1945. Prisonnier de guerre, il a été affecté par la Wehrmacht à un commando chargé de déblayer des milliers de cadavres calcinés par les bombes incendiaires larguées par l’aviation alliée. Préoccupé depuis lors par les effets de technologies destructrices contrôlées par quelques esprits assoiffés de pouvoir, imprégné d’une vision morale et doté d’un talent inégalé dans l’humour noir, Vonnegut usait de la science fiction et de la satire pour explorer les horreurs du XXe siècle (lire l’excellent Cat’s Cradle [Le Berceau du chat], 1963). Écrivain à la fois populaire et contestataire, il est devenu un symbole de la contre-culture états-unienne des années 1960 et 1970. Mon préféré : Jailbird, paru en 1979, traduit en 1983 sous le titre de Gibier de potence.