Le collectif des Lucioles
Du cinéma engagé
Le Collectif des Lucioles est un groupe de jeunes vidéastes qui ont décidé, face à la concentration- censure des médias de masse, de prendre caméra et micro comme moyen de prise en compte du réel social. Pour que leur cinéma engagé soit aussi un cinéma d’intervention, les Lucioles organisent chaque mois la diffusion de leurs derniers films. Du cinéma pour réfléchir et pour débattre.
Au cours de la nuit suivant le filmage de la manif anti-G20 à Ottawa, un groupe de jeunes décidèrent de former un collectif de vidéastes engagés. Ainsi des ténèbres de la nuit jaillirent Les Lucioles pour indiquer des voies alternatives à suivre.
Composé actuellement de 13 personnes, combinant des formations universitaires en sciences sociales, en communication et en cinéma, maîtrisant les nouvelles technologies audiovisuelles (infographie, vidéo numérique, Web), les membres de ce collectif ont pris conscience de la responsabilité de leur pratique créatrice à l’égard de la réalité sociale. Faisant fi du glamour accolé aux fabricants d’images, décidés et assurés de leur capacité à pouvoir interférer sur les mentalités, Les Lucioles mettent en images leur vision critique de la société néolibérale et en même temps proposent des alternatives sociales et populaires pour la transformer.
Le cinéma des Lucioles est engagé à plus d’un titre. Primo, les sujets de leurs films sont toujours de l’ordre du réel, du social, bâtis sur un contenu d’idées articulées véhiculant un message critique et limpide contre l’ordre ambiant du néolibéralisme. Anti-mondialiation, mouvement pacifiste, libertés démocratiques, féminisme, écologie, pauvreté et exclusion, surconsommation productiviste, autant de thèmes féconds qui jalonnent leurs expériences filmiques. Le style d’écri-ture est aussi en soi contestataire. Tous les genres s’entrecroisent : cinéma direct, reportage, animation, docu-fiction où souvent le spectateur est interpellé. Ici point d’esthétique léchée, mais des esthétiques d’écriture au service du contenu. A contrario du cinéma dominant, c’est aussi une remise en question des codes classiques dans la façon de faire et de monter des images-sons, amenant ainsi une autre façon de transposer à l’écran leur prise en direct de la vérité de notre temps. Finalement, le cinéma des Lucioles en est un d’intervention sociale par les projections publiques qu’ils organisent chaque mois, créant ainsi des lieux de débats et de réflexion politiques.
Le catalogue de films des Lucioles comprend plus de 40 courts et moyens métrages sur support vidéo. Plusieurs associations étudiantes et associations locales de l’UFP y puisent allègrement pour animer leurs activités, car les Lucioles, loin d’être chiches, encouragent la diffusion de leurs vidéos. Bientôt, le CMAQ (Centre des médias alternatifs du Québec) aura sur son site l’intégralité de leurs productions dont il sera loisible à tout militantE de télécharger gratuitement les oeuvres désirées.
Concevoir, produire, réaliser, diffuser leurs propres vidéos engagés, telle est la mission des Lucioles. Le tout géré sur un mode anarchique fonctionnel, selon leurs dires, favorisant la créativité, l’initiative collective et la mise en commun des expertises et des ressources de tout un chacun.
L’avantage des faibles coûts de production en vidéo numérique permet au cinéma militant de renaître. Maintenant libéré de l’hégémonie de l’industrie qui le maintenait dans une marginalisation, le cinéma engagé s’affiche désormais et devient pour certains militantEs un outil d’information précieux en cette période de concentration médiatique.
Si le cinéma militant de Dziga-Vertov, de Jean-Luc Godard ou de Chris Marker était vu comme « une étincelle de conscience politique », aujourd’hui à l’ère du numérique et de la mondialisation, le cinéma engagé d’ici s’est transformé en « une Luciole de conscience alternative ». Long feu et grandes nuits aux Lucioles.