Le repos du guerrier
Je viens de relire Le repos du guerrier qui m’avait complètement séduit, en m’identifiant à Renaud, lorsque j’étais dans la vingtaine.
Renaud, qui a espéré changer le monde, ne croit plus à rien, s’abîmant dans l’alcool. Geneviève développe un amour-passion pour Renaud qui lui fait découvrir la jouissance sexuelle. Elle devient totalement dépendante de son amoureux qui la traite comme un objet. Ce rapport de dépendance se modifie imperceptiblement, Renaud assumant peu à peu l’amour qu’il ressent pour Geneviève. Il accepte alors d’entrer dans une clinique pour soigner son alcoolisme.
En poursuivant la relecture de ce roman de Christiane Rochefort, je n’arrivais pas à comprendre comment j’avais pu m’identifier à ce point à Renaud. D’une part, il était un alcoolique, ce que je n’ai jamais été. D’autre part, elle le présente comme toujours prêt à baiser, une capacité que perd tout alcoolique.
Je ne me souviens pas en quelle année précise j’ai lu ce roman. Quoi qu’il en soit, mon identification à Renaud renvoie sans doute à une oscillation, qui remonte loin dans mon existence, entre le suicide fantasmé et le désir fou de changer le monde. J’ai toujours eu de la difficulté à accepter la vie avec ses laideurs, ne regardant pas suffisamment ses beautés.
Les petits enfants du siècle, dans lequel la romancière raconte le quotidien glauque d’une famille ouvrière à Paris durant les années 1930-1940, n’a pas vieilli, contrairement au précédent, quoiqu’il se termine lui aussi par un improbable « happy ending » à l’américaine.