Dossier : Migrations mouvementées

Présentation du dossier du no 58

Migrations mouvementées

Rémi Leroux, Amélie Nguyen

Parallèlement à l’accroissement des inégalités mondiales, on assiste à un contrôle sans précédent de la mobilité vers l’Occident des citoyennes et citoyens des pays les plus fragilisés. Rappelons-nous simplement qu’au début du 20e siècle, avant la Première Guerre mondiale, on n’utilisait même pas de passeports !

La migration est la question par excellence qui démontre les limites et la nature oppressive et raciste des États-nations. Lorsqu’une personne se retrouve à l’extérieur des frontières géographiques et abstraites au sein desquelles l’État est garant de son bien-être, un cycle d’oppression s’enclenche, sans limites dans le temps. Celui ou celle qui n’est plus sujet de l’État devient, par défaut, un ennemi qui souhaite s’approprier ses ressources ou une menace pour la sécurité nationale.

Aujourd’hui, l’agitation de la menace terroriste contribue à renforcer ce que certains nomment « l’identité nationale » et à exclure d’autant plus celles et ceux qui sont identifiés comme les « Autres ». Au Canada, l’accès au statut de résident permanent devient factice pour toute une part de la population mondiale avec l’accord des tiers pays « sûrs » et avec la création de nouveaux statuts de travailleuses et travailleurs temporaires qui n’y donnent pas accès. Les personnes victimes de trafic sont aussi de plus en plus perçues comme des criminelles. Le pays d’asile n’est plus.

Alors que l’accès aux services de santé et à l’éducation est toujours plus restreint pour les migrant.e.s, force est de constater que notre mode de vie repose pourtant sur la pauvreté de ces dernier.e.s, qui cherchent avant tout à échapper à une vie sans avenues, à l’oppression, aux conflits.

La résistance s’organise pourtant, afin de lutter contre les nombreuses déportations et détentions, élargir l’accès aux services, dénoncer les manipulations orchestrées par les tenants d’un intérêt national qui nous divise.

Ce dossier présente plusieurs engagements comme autant de témoignages de cette résistance. Les femmes philippines du groupe Pinay soutiennent les travailleuses domestiques depuis plus de 20 ans. La clinique de Médecins du monde offre un accès médical inconditionnel aux migrants en situation de précarité. Les membres du collectif Éducation sans frontières militent activement pour faire de l’éducation et de l’accès à l’école un droit inaliénable.

Face à un gouvernement qui a rompu depuis longtemps l’équilibre entre utilitarisme migratoire et accès à la citoyenneté pour privilégier des politiques d’immigration temporaire, de telles initiatives sont essentielles.
Il est indispensable de donner un visage humain à ces migrantes et migrants, de mieux comprendre comment nous contribuons à leur oppression et de défendre, ensemble, notre commune humanité.

Vous avez aimé cet article?
À bâbord! vit grâce au soutien de ses lectrices et lecteurs.
Partager sur        

Articlessur le même thème