Dossier : Les classes dominantes au

Dossier : Les classes dominantes au Québec

Relais politique de la classe dominante : Le cas du PLQ

Anne-Marie Provost

Le Parti libéral du Québec est le véhicule politique le plus performant des classes dominantes locales. Dans les dernières années, le PLQ a reçu un financement sectoriel lié à trois groupes dominants : les grands entrepreneurs (Desmarais, etc.), les firmes de génie-conseil (on se rappellera du cas Axor) et certaines personnes liées à des fonds d’investissement à risque. Ainsi, le programme et les décisions du gouvernement libéral ont avantagé ces différents groupes.

Dans le cas des firmes d’ingénieur et des compagnies de construction, on leur a attribué des contrats sans faire d’appels d’offres, on a mis en place des partenariats public-privé avantageux pour le privé et on a mis en chantier de grands projets d’infrastructures pour sortir de la crise économique. Du côté des grands entrepreneurs, le PLQ a également été très généreux : les impôts sur les entreprises ont été baissés et il y a également eu une réduction de la progressivité des impôts sur les particuliers, réduction qui a évidemment profité aux plus riches. On a de plus ouvert de nouveaux marchés privés, comme celui du gaz de schiste. En ce qui a trait aux fonds d’investissement à risque, le PLQ a aboli la taxe sur le capital et engagé de l’investissement public dans les secteurs financiarisés comme les sciences de la vie, le secteur pharmaceutique ou les nouvelles technologies. « Félicitations pour votre beau programme !  » ont dû leur lancer certains contributeurs, enchantés.

On ne cherche donc pas, dans les partis politiques de ce type, à mobiliser le peuple derrière un projet rassembleur qui a du sens : on les utilise plutôt pour servir les intérêts à court terme de certaines factions minoritaires des classes dominantes. À la limite, les idéaux sont des freins potentiels à la capacité de rendre réels les retours d’ascenseur souhaités par les grands donateurs. En ce sens, ces partis politiques devenus machines électorales sont responsables des faibles taux de participation aux élections et du cynisme généralisé que leurs représentants dénoncent paradoxalement. Devant un cartel de partis politiques qui s’échangent le pouvoir de façon cyclique, sans se lier au débat public, ni plus généralement au politique comme lieu de discussion des enjeux collectifs qui devraient pourtant être au cœur de leur existence, il ne faut pas se surprendre que les citoyennes démissionnent. De toute façon, pour ces partis bien rodés, façonnés par les lois du marché jusque dans l’interaction politique, la participation du simple citoyen n’est ni souhaitée, ni efficace.

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