Autopsie d’un mythe. Réflexions sur la pensée politique de Jean-Marc Piotte

No 60 - été 2015

Louis Gill

Autopsie d’un mythe. Réflexions sur la pensée politique de Jean-Marc Piotte

Jean-Pierre Couture

Autopsie d’un mythe. Réflexions sur la pensée politique de Jean-Marc Piotte, Louis Gill, M Éditeur, 2015, 137 p.

Dans ce quatrième ouvrage chez M Éditeur, l’auteur rigoriste oppose le fixe au mobile. Lui est demeuré marxiste, laïciste et nationaliste. Son rival, cofondateur de la revue Parti pris, aurait renié ces trois engagements. Gill croit toujours à l’économie planifiée soutenue par de « gigantesques moyens informatiques  » (sic). Son ennemi, le mobile, « pasteur de la pensée », a osé écrire et expliquer pourquoi ses idées d’antan ne sont plus les mêmes.

Les réflexions de Piotte, au fil des décennies, résonnent pourtant avec celles des gauches parlementaires et des théoriciens postmarxistes tels Negri, Rancière, Gorz ou Harvey. Or, c’est au « dégonflement d’un mythe » auquel Gill souhaite s’attaquer en posant le problème dans un registre personnel et pontifical.

Gill dit plaider pour « l’unification […] d’une entité politique collective […] pouvant se porter candidate au pouvoir », mais son ouvrage sermonneur précise bien que cette unité se fera sans Piotte, Gramsci, les laïques pluralistes, les anarchisants et les simples réformistes. C’est au nationaliste conservateur, Jacques Beauchemin, auquel Gill préfère se rallier en dernière instance. On ne pose peut-être pas d’ultimatum à l’histoire de la révolution prolétarienne, mais il semble que l’on puisse se dérober, dans l’intervalle, et opter pour la diversion d’un nationalisme « soumis à aucune condition ». On cherchera d’ailleurs en vain ce qui unit cette posture aux luttes de Parti pris.

L’éditeur souhaite un « débat salutaire », ce qui est encore une manière fort peu laïque de parler de l’avenir de la gauche. Les comités de salut public n’ont jamais toléré les débats. Passés dans le maquis du folklore, ils font tout simplement bâiller.

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