Mini-dossier : Action communautaire

Mini-dossier : Action communautaire autonome

Comment se vit l’éducation populaire autonome ?

Johanne Arseneault

Pour illustrer concrètement une démarche d’éducation populaire portée par la base, À bâbord ! a sollicité l’organisme communautaire Atout-Lire. Ce groupe populaire œuvre en alphabétisation depuis 1982 et il est né des besoins exprimés par des membres du Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur à Québec.

Dans ce quartier, la population est touchée par des conditions socioéconomiques précaires. La qualité de vie d’un grand nombre de gens est amoindrie par la pauvreté, l’exclusion du marché du travail et la non-représentation politique. Pour s’attaquer à ces enjeux, le milieu communautaire possède plusieurs outils dans son travail avec les populations afin d’améliorer leurs conditions de vie. L’éducation populaire autonome (ÉPA) est le moyen privilégié, car celle-ci consiste en une démarche de conscientisation et d’action visant à changer la société. Chez Atout-Lire, l’ÉPA est à la base des choix d’orientation et d’actions. Pour cet organisme, l’objectif de l’action communautaire autonome est essentiellement la transformation de la société et non l’adaptation des personnes à des conditions de vie injustes. En ce sens, l’ÉPA est un processus collectif qui permet le passage du « Je » au « Nous », passage nécessaire afin de créer une société réellement démocratique, plus juste et plus solidaire. Cette approche nécessite de s’appuyer sur les capacités réflexives des personnes qui vivent concrètement les inégalités et les injustices, car ce sont d’elles qu’émergent les propositions de changement et les actions nécessaires à cette transformation sociale.

Ainsi, la première étape d’une démarche d’ÉPA est de partir des préoccupations des gens qui fréquentent les groupes communautaires. L’ÉPA repose aussi sur un lien de confiance entre les personnes impliquées. Il faut prendre le temps de se connaître et s’engager à travailler sur la base du respect et de la reconnaissance égalitaire des gens qui participent. Au fil des échanges, une prise de conscience émerge autour d’un enjeu vu comme individuel (par exemple : la santé) et qui est ensuite situé dans son contexte social. Dans un comité de travail, les déterminants sociaux de la santé sont soulevés et discutés. C’est le passage du « Je » au « Nous ». Finalement, ces réflexions poussent à agir. À Atout-Lire, un comité a créé des outils qui serviront à animer des ateliers sur la santé qui permettent les échanges et les pistes d’actions sur les enjeux sociaux ainsi que sur les nécessaires solidarités. C’est l’aboutissement d’un processus d’éducation populaire : le passage du « Nous » à l’action collective.

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