Main basse sur l’État : les partenariats public-privé au Québec et en Amérique du Nord

No 12 - déc. 2005 / jan. 2006

Dorval Brunelle (dir.)

Main basse sur l’État : les partenariats public-privé au Québec et en Amérique du Nord

lu par Nicole de Sève

Nicole de Sève

Dorval Brunelle (dir.), Main basse sur l’État : les partenariats public-privé au Québec et en Amérique du Nord, Éditions Fides, coll. « Points chauds », 2005, 276 p.

Les partenariats public-privé sont au cœur du débat au Québec. Les références gouvernementales sont très souvent liées aux expériences menées en Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, en France. Un tout nouveau livre rédigé par des étudiants de l’UQÀM sous la direction de Dorval Brunelle, Main basse sur l’État nous entraîne sur notre propre terrain continental, celui de l’Amérique du Nord. Selon Brunelle, « les formes et modalités d’application de partenariats public-privé en Amérique du Nord participent d’un même esprit qui est d’abord et avant tout d’inspiration états-unienne ».

L’idée majeure de ce livre est de démontrer comment la continentalisation dépasse la reconfiguration des filières de production et « réfère encore et surtout à la diffusion, ou mieux à l’extension de part et d’autre des frontières des États-Unis, d’un cadre normatif préparé, appliqué et sanctionné là-bas ». Ainsi, le premier chapitre de ce livre place en contexte la Nouvelle Gestion Publique ayant donné naissance à de multiples réformes des administrations publiques. Cette gestion, liée à une privatisation accélérée des services publics sous forme de PPP, nous conduit à une dépolitisation d’enjeux fondamentaux dans nos sociétés.

À partir d’études de cas, nous suivons l’évolution de ces PPP et leurs multiples configurations liées au développement politique et économique aux États-Unis, au Mexique, au Canada et au Québec. À plusieurs égards, ce livre se dévore comme un feuilleton. Ainsi, nous apprenons que le Mexique se classe premier en ce qui concerne l’investissement sous forme de PPP, et ce, grâce à de multiples modifications à la Constitution ayant permis la privatisation des ressources naturelles, notamment de l’eau. Aux États-Unis, une profonde réforme de l’administration publique a cours depuis l’ère Reagan et s’accentue aujourd’hui. L’originalité du chapitre consacré à nos voisins tient à la présentation de l’effet de cette réforme qui se manifeste, entre autres, par le virage pris dès 1996 en matière de politique de l’assistance sociale et par le financement public de plus en plus poussé de groupes religieux pour dispenser les services sociaux.

Quant aux projets canadiens et québécois, les chapitres qui leur sont consacrés constituent des incontournables pour raffiner notre compréhension, découvrir les acteurs qui se cachent derrière les PPP et surtout mieux maîtriser notre réplique. Car, comme le signale Dorval Brunelle, « dans la quasi-totalité des cas, la variable déterminante est sans contredit, au-delà des contraintes économiques et des coûts, la finalité politique et sociale des projets, c’est-à-dire l’incapacité qu’ont eue les acteurs économiques et sociaux de les inscrire dans un modèle de développement orienté sur la démocratie et la réduction des écarts de revenus ».

Bref, un livre de référence, de facture universitaire certes, mais qui malgré un langage parfois spécialisé viendra stimuler notre engagement pour un autre modèle de développement.

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