Nous sommes Charlie – 60 écrivains unis pour la liberté d’expression

No 62 - déc. 2015 / janv. 2016

Nous sommes Charlie – 60 écrivains unis pour la liberté d’expression

Loyola Leroux

Nous sommes Charlie – 60 écrivains unis pour la liberté d’expression, Collectif, Paris, Livre de Poche, 2015, 168 p.

Un aspect surprenant de plusieurs témoignages écrits quelques jours à peine après le 11 janvier 2015 : l’importance de l’éducation pour diminuer la violence. Jacques Attali précise : « Il faut s’attaquer à l’essentiel  : l’enseignement. » Pourtant les assassins de Charlie Hebdo étaient instruits ! Comment expliquer, selon Dantzig, que le lendemain du massacre « des collégiens musulmans aient refusé d’observer une minute de silence » ? Anne Nivat dénonce par ailleurs le mot-clic « Je suis Kouachi » paru sur le Net pour ridiculiser le « Je suis Charlie ».

D’autres écrivains insistent sur la promotion du dialogue : « Saluez chaleureusement vos voisins, surtout s’ils ne partagent pas vos croyances. » Fabrice Midal nous recommande de pratiquer la méditation et la bienveillance et d’ouvrir notre cœur à tous ceux qui souffrent. Christel Noir, une musulmane, affirme qu’Allah enseigne « la Paix, l’Espoir et l’Amour » et que ceux qui proposent des « projets de morts » possèdent une « idéologie qui n’est pas notre religion ». Antoine Sfeir ne veut pas que l’on stigmatise la population musulmane en établissant un amalgame entre la tuerie et Mahomet. Selon lui, les assassins n’ont pas agi en tant qu’islamistes mais en tant qu’« individus citoyens » français.

Didier Van Cauwelaert regrette l’absence d’humour chez les extrémistes et il se moque des tueurs qui découvrent en arrivant au paradis que le « Prophète est en rupture de stock, au niveau des vierges ». Comte-Sponville  en rajoute en écrivant que « le blasphème fait partie des droits de l’Homme. L’humour, des vertus du citoyen. »

Eric-Emmanuel Schmitt surprend par son cynisme  avec son « Manuel du fanatique ». C’est le seul texte qui se moque de la psychologie des tueurs en leur donnant des conseils comme  : « victimise-toi et désigne un bouc-émissaire » à l’origine de tes problèmes. De loin, selon moi, le meilleur texte pour aider à prévenir d’autres dérapages semblables.

Au final je suis malgré tout surpris que personne ne pose ce qui me semble la question la plus importante : comment peut-on baser sa vie, en 2015, sur un texte écrit il y a plus de 1300 ans ? Comment dialoguer avec un individu qui refuse de reconnaître l’héliocentrisme, la théorie de l’évolution, et la découverte de l’inconscient !

Thèmes de recherche Europe, Livres, Démocratie et espace public
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