Black and Red : Les mouvements noirs et la gauche 1850-2010

No 49 - avril / mai 2013

Ahmed Shawki

Black and Red : Les mouvements noirs et la gauche 1850-2010

Abby Lippman

Black and Red : Les mouvements noirs et la gauche aux États-Unis, 1850-2010, Ahmed Shawki, M éditeur, 2012.

Traduite de l’anglais (la parution originale date de 2003), cette version de Black and Red présente une introduction revue et corrigée afin de mettre à jour certains éléments. Elle relate les événements et personnages principaux des mouvements antiracistes et anticapitalistes aux États-Unis sur une période de 160 ans (1850-2010).

Les lectrices et lecteurs familiers avec les États-Unis et leur histoire connaîtront déjà le matériel proposé par l’auteur sur l’esclavage et le racisme, même s’il apporte certaines précisions qui ne sont pas toujours disponibles dans les livres d’histoire. Moins souvent abordée en revanche est l’histoire des divers partis de gauche qui ont essayé de changer – sans succès – le système de classe aux États-Unis.

Ce que Shawski montre clairement, et qui est une des forces de ce livre, c’est comment les « Noirs » et les « rouges » ont travaillé séparément, voire de façon antagonique malgré le fait que l’esclavage et la poursuite de l’oppression des Afro-Américains après l’émancipation sont inextricablement liés à l’expansion du capitalisme (le cas des Afro-Américaines est particulièrement emblématique de cela, mais elles ne sont malheureusement pas mentionnées dans ce livre dominé par des voix masculines). Tandis que les groupes antiracistes luttaient pour obtenir un statut de classe moyenne (bons emplois, salaire décent, etc.) pour cette population, les socialistes et autres gauchistes ont souvent manqué l’opportunité de confronter leurs propres perceptions et prises de position racistes tout en menant des luttes syndicales et progressistes. Et tandis que l’auteur semble déplorer ces occasions ratées de faire front commun et suggère que nous devons tirer des enseignements de cette histoire afin de mieux nous allier aujourd’hui, il n’explique jamais vraiment comment les Noirs et les rouges pourraient travailler ensemble pour les causes où les inté­rêts des groupes racisés et ceux des classes ouvrières se rencontrent.

Pourtant, ces intérêts communs crèvent les yeux comme l’ont montré des événements tels que les ouragans Katrina et Sandy qui ont révélé le racisme structurel encore existant et les inégalités de classe flagrantes générées par le capitalisme.

Ainsi, ce livre contient de l’information pour ceux et celles qui ont peu de connaissances de l’histoire des mouvements antiracistes ou anticapitalistes aux États-Unis et qui aiment les longues citations – il en est truffé. Mais ceux et celles qui cherchent un ouvrage plus lisible, et critique, sur l’histoire des États-Unis, l’histoire vue « d’en bas », il existe toujours le classique hautement recom­mandé de Howard Zinn : Une Histoire popu­laire des États-Unis de 1492 à nos jours.

Thèmes de recherche Etats-Unis, Livres, Histoire
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