Dossier : Réfugiés. Droits et (…)

Introduction au dossier

Réfugiés : droits et libertés en péril

Christian Brouillard, Martin Petit, Mabrouk Rabahi, Claude Rioux

L’actualité récente jette un éclairage brut sur le traitement parfois cruel que réserve le Canada aux personnes nées à l’étranger et nous offre de nombreuses occasions de méditer les paroles de Niemöller. La saga des Algériens sans-statut, les Palestiniens en instance de déportation vers un pays occupé, l’utilisation d’un certificat de sécurité pour justifier la détention du Marocain Adil Charkaoui, l’ignominieuse proscription de Fatima Marhfoul, l’expulsion programmée des Basques Eduardo et Gorka : autant de cas médiatisés d’un phénomène largement passé sous silence.

À la faveur d’un délire sécuritaire savamment entretenu, un ensemble de dispositifs liberticides a été mis en place par le gouvernement du Canada. Si ces mesures ont été (bien mal) justifiées par l’existence d’une menace extérieure, elles frapperont tôt ou tard toute personne osant s’élever contre le désordre du monde. Qu’importe, en fin de compte, si les militantes altermondialistes ne sont pas des terroristes : ils seront traités comme tels lors d’arrestations « préventives ».

Bien que personne ne soit à l’abri de l’état d’exception universel et perpétuel décrété par les États-Unis, les réfugiés ont été désignés comme les boucs émissaires de la guerre en cours, en dépit du fait qu’aucun acte terroriste n’ait été attribué à un détenteur de ce statut.
Ce dossier vise non seulement à dresser un portrait – certes incomplet – de la question des réfugiés au Canada, mais aussi à démontrer comment les sans-statut et les réprouvés remettent en question, par leurs luttes, notre conception de la citoyenneté et de la démocratie. Enfin, il veut donner aux lecteurs et aux lectrices des outils pour réinventer une politique d’accueil des réfugiés basée sur l’égalité, la justice et la solidarité et une conception radicale du droit du sol et de la citoyenneté sociale. Cette utopie ne pourrait être envisagée sans une remise en question des rapports inégaux entre le Nord et le Sud, fruits d’un système économique qui produit autant d’insécurité que de réfugiés.

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