Démographie pour les nuls

No 07 - déc. 2004 / jan. 2005

Démographie pour les nuls

par Claude Rioux

Claude Rioux

Le gouvernement libéral (et le Parti québécois avant lui, puis le patronat, la FTQ, la FEEQ, la FEUQ, les P’tits chanteurs du Mont-Royal et les Chevaliers de Colomb) brandit la menace du « vieillissement de la population » comme si c’était pire que les sept plaies d’Égypte réunies. Or c’est pure construction idéologique.

Curieusement, c’est au moment où les néolibéraux commencent à avoir de la difficulté à faire avaler leurs mesures qu’on lance l’idée de la prétendue « bombe à retardement démographique », mettant opportunément de l’eau au moulin du mouvement général de remise en cause des systèmes de protection sociale. L’idée générale de nos démographes à gogo (à moins que ce soient des économistes ?), est de prétendre que le poids démographique croissant des retraités et des personnes âgées, poids que doivent supporter les travailleurs actifs, rendrait incontournable le « contrôle des dépenses de l’État », afin de pouvoir garantir un-avenir-meilleur-pour-les-générations-futures.

Les tenants de la « bombe démographique » ne brandissent qu’un seul tableau statistique, construit à partir d’un seul indicateur présentant le ratio « nombre de retraités/nombre d’actifs ». En sortant des simplifications douteuses, on pourrait considérer une autre équation, car les « actifs », par le biais de leurs impôts, ne contribuent pas uniquement aux dépenses liées aux retraites, mais aussi à celles entraînées par tous les autres « inactifs » : les chômeurs, les étudiants, les gens malades, les enfants, etc. Considérons donc le ratio « actifs/toutes les catégories d’inactifs ». Le portrait brossé par un tel indicateur a tôt fait de faire disparaître l’épouvantail démographique. Selon Pierre Concialdi, de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) à Paris : « La croissance d’un tel indicateur au cours des 20 ou 30 prochaines années est beaucoup moins rapide que celle du ratio retraités/cotisants. Cela tient simplement au fait que, s’il y aura plus de personnes âgées à l’avenir, il y aura notamment de moins en moins de jeunes. Autrement dit, les personnes qui vont travailler financeront plus de pensions pour les retraités mais auront moins de dépenses pour les jeunes. »

La revue Relations

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