Pourquoi ça ne va pas plus mal ?

No 14 - avril / mai 2006

Patrick Viveret

Pourquoi ça ne va pas plus mal ?

lu par Gaétan Breton

Gaétan Breton

Patrick Viveret, Pourquoi ça ne va pas plus mal ?, Fayard – transversales, 2005.

... on se le demande

Malheureusement, voici encore un livre qui risque de prêcher à des convertis. Ce n’est évidemment pas la faute du livre ou de son auteur, mais bien celle du système de manipulation organisée de l’information dans lequel nous vivons.

Pour Viveret, la primauté absolue de l’économie dans laquelle nous vivons actuellement est le résultat d’une triple révolution. Une première révolution a amené la raison au premier rang des valeurs, reléguant au second ou au troisième plan les anciennes valeurs religieuses. Le monde devient ainsi intelligible, dépourvu de forces inexplicables et prêt à servir à l’homme, puisqu’il est maintenant son « environnement ». La deuxième révolution a remplacé le droit divin par le droit citoyen, ce qui permet de rendre les gens responsables de ce qui leur arrive, au lieu d’un quelconque destin ou d’une quelconque fatalité. Enfin, la révolution technologique apporte les moyens de s’abstraire des anciennes contraintes physiques.

La conséquence logique d’un tel mouvement devrait être une augmentation notable non seulement du niveau de vie, mais aussi du plaisir. Or, le constat actuel est tout à l’opposé : notre environnement se dégrade de plus en plus, on nous menace de pénuries de tous côtés, le tiers monde est en train d’en devenir la demie et le travail est plus contraignant que jamais. Nous allons vers une « dépression nerveuse universelle ».

Pour Viveret, la financiarisation de l’économie se présente comme une « pathologie mentale collective ». Nous fonçons à toute vapeur vers la folie collective qui pourrait se décrire par un déplacement de nos imaginaires vers l’hyperréalité dont parlait Baudrillard. Le signifiant est parti avec le sens et a décrété un nouveau contenu qui, bien que n’ayant plus de lien avec son référent, est devenu plus réel que la réalité.

Viveret y va alors d’une série de propositions pour remettre le monde sur ses pieds et ainsi cesser de heurter nos esprits. Je les résumerais par une expression : redevenir humains. Car il semble que le leitmotiv de cette transformation ait été la perte de cette humanité (au sens humaniste du terme) qui seule peut nous sauver.

Nous avons donc ici une vision connue de notre monde économique auquel nous devons ajouter un aspect psychologique assez inusité et rempli d’idées intéressantes. Pour commencer, ou continuer, votre « désintoxication » du discours économico-politique dominant, un livre à lire, qui dit simplement des choses qui, au fond, sont assez simples puisqu’il s’agit de la vie même. Après l’avoir lu, peut-être pourrez-vous contribuer un peu à ce que ça n’aille pas plus mal.

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