Dossier : L’avortement, un droit

Le droit à l’avortement

... ailleurs dans le monde

Nesrine Bessaïh, Monika Dunn

Mexique

En juin 2007, la réforme du code pénal mexicain rend l’avortement possible dans la ville de Mexico jusqu’à 12 semaines, dans tous les cas de figure et sur demande de l’intéressée. Cette victoire pour le droit à l’avortement ne s’est cependant pas faite sans embûche. La formation présidentielle, le Parti d’action nationale (PAN, droite), souhaitait au contraire durcir la répression, avec des peines allant jusqu’à 50 ans de prison.

L’Église catholique locale avait organisé des manifestations de protestation et ses représentants ont comparé les partisans de la dépénalisation à Hitler et qualifié l’avortement, le mariage homosexuel ou encore l’euthanasie de « terrorisme à visage humain ». Le Vatican a envoyé un représentant faire campagne à Mexico. Et Benoît XVI lui-même a envoyé une lettre au président de la conférence épiscopale mexicaine, dans laquelle il rappelle le devoir des croyants de s’opposer à la « culture de la mort ».

Nicaragua

En novembre 2006, le président du Nicaragua, Enrique Bolanos, a promulgué une loi interdisant l’avortement, même lorsque la vie de la mère est menacée, malgré l’opposition de médecins, de groupes de défense des droits des femmes et de diplomates étrangers. Le président élu à la suite de Bolanos, Daniel Ortega, ancien révolutionnaire marxiste qui s’est tourné vers la religion catholique, s’est prononcé en faveur de la nouvelle loi. Le Chili et le Salvador possèdent des législations similaires.

Portugal

Le 11 février 2007, lors d’un référendum national, les Portugais se sont prononcés en faveur d’une réforme de leur loi nationale sur l’avortement. La loi portugaise était parmi les plus restrictives de toute l’Union européenne. L’avortement n’était permis qu’en cas de viol, de malformations congénitales ou de risque sévère pour la santé de la femme. Une femme accusée d’avoir volontairement interrompu sa grossesse courait une peine d’emprisonnement de trois ans.

Selon la loi, les Portugaises pourront désormais se faire avorter dans un établissement de santé reconnu, jusqu’à dix semaines de grossesse. Cependant de nombreuses femmes se butent à des portes closes, puisque plusieurs médecins refusent de pratiquer un avortement en se déclarant « objecteurs de conscience ».

Égypte

La législation égyptienne interdit l’avortement sauf si la vie ou la santé de la femme est en jeu, ou si le fœtus est victime de malformation. Dans un communiqué du 30 décembre 2007, le comité de recherches islamiques d’Al-Azhar a prôné l’avortement pour les femmes enceintes à la suite d’un viol. « Une femme violée doit mettre fin immédiatement à sa grossesse si un médecin de confiance lui en donne l’autorisation. » La plus haute autorité de l’islam sunnite serait-elle plus progressiste que la plus haute autorité du catholicisme ?

Maroc

L’interruption thérapeutique de grossesse est légalisée au Maroc tant qu’elle répond à des indications médicales précises (pathologies maternelles graves ou malformations fœtales graves ou létales). L’avortement n’est pas puni quand il vise à sauvegarder la vie de la mère à condition qu’il y ait consentement du conjoint ou, en son absence, consentement du médecin chef de la préfecture. La femme qui s’est livrée à l’avortement risque de six mois à deux ans de prison. Le praticien qui l’a aidée (gynécologue privé, médecin généraliste, sage-femme et infirmière au domicile) est puni de deux mois à deux ans de prison.

Récemment, de nombreux éditoriaux sont publiés sur la nécessité de légaliser l’avortement peu importe sa raison. L’argument principal qui justifie la légalisation se base sur les dangers des avortements clandestins, faits dans des conditions non sécuritaires alors que les femmes risquent leur santé, leur fertilité ou même leur vie.

Afrique

En juin 2007, les évêques membres de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (Aceac) ont dénoncé « la culture de mort que semble répandre en Afrique une certaine éthique hédoniste » et se sont prononcés contre la ratification du Protocole de Maputo. « Le droit à l’avortement n’est qu’un leurre. En effet, ce Protocole aborde la femme non d’abord comme épouse, mère et fille, c’est-à-dire dans ses relations humaines fondamentales d’amour et de communion, selon le dessein du Créateur, mais comme une citoyenne, un individu poursuivant ses intérêts, une partenaire dans un contrat entre-sexes. »

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