Dossier : La gauche au Québec, (…)

Dossier : La gauche au Québec, entre la gauche et les urnes

La convergence des indépendantistes

Jocelyn Desjardins

Le refus du premier ministre écossais Alex Salmond de se montrer en public en compagnie de Pauline Marois par peur d’être associé à deux échecs référendaires est le symptôme des abcès qui minent l’indépendantisme québécois : le « référendisme » et la dispersion de leurs forces.

Il n’y a pas que le gouvernement écossais qui a peur, les Québécoises aussi. Par deux fois, ils ont âprement goûté à la défaite. Aujourd’hui, ils semblent installés dans un réflexe défensif naturel. La crainte d’une nouvelle blessure référendaire (savamment exploitée par nos adversaires fédéralistes), et non la peur de l’indépendance elle-même, agit comme paralysant et freine la progression de notre projet.

D’autant plus que, pour tous les indépendantistes, la présente situation est décevante : le Parti québécois se retrouve aujourd’hui en situation de gouvernement minoritaire, Québec solidaire n’a pas remporté la moitié des circonscriptions que cette formation espérait gagner et Option nationale a perdu son seul député. Voilà qui devrait rendre impérative la convergence de toutes nos forces.

En quelque sorte, l’attitude du gouvernement écossais nous renvoie à nous-mêmes. Appelons cela le miroir écossais. Plutôt que d’y voir dilution et étiolement, il nous faut y voir une invitation au questionnement, à l’approfondissement de notre réflexion et de notre lutte pour l’indépendance.

L’impératif de la convergence

Un grand enjeu doit être examiné, soit celui de la dispersion de nos forces. Plus que jamais, nous sommes en face d’un impératif commun : celui de se rassembler, se reconnaître dans ses différences et travailler à déterminer les possibilités de convergence de toutes nos forces.

Car la seule façon pour les indépendantistes de pouvoir sérieusement envisager l’indépendance du Québec est d’abord de se réunir. Est-ce nécessaire pour autant de se ressembler ? Non. Mais de se respecter ? Si. « Ni parfaits ni ennemis à la cause, mais ensemble », tel devrait être notre credo.

La Convergence nationale, c’est d’abord et avant tout un projet de mobilisation non partisane, un moment pour mieux penser la cohésion des indépendantistes, un lieu de dialogue ouvert à la diversité des courants d’idées. Il nous faut nous retrouver, clarifier nos objectifs et préciser nos engagements. Tout cela, croyons-nous, est urgent. Et tout cela mérite de faire l’objet de débats ordonnés.

Il faut faire aussi les nécessaires examens de conscience que le mouvement indépendantiste n’arrive pas à faire, engoncé qu’il est entre plusieurs partis, pris eux-mêmes entre leur base militante et celles des autres partis. Sinon, le risque est grand que, sous l’action partisane, les différences d’opinions deviennent à la longue des antagonismes insurmontables. Dans ce contexte, il est nécessaire de revenir tout de suite au cœur de la politique sans intermédiaires, de citoyens à citoyens.

Vers des primaires indépendantistes ?

Il est temps que les indépendantistes cessent d’abandonner la question nationale à trois partis politiques qui s’entredéchirent. Il est temps qu’ils deviennent les auteurs de leur propre histoire, qu’ils fassent une plus grande place à leur citoyenneté critique et jettent les bases d’un acte fondateur.

En l’absence de leader pouvant fédérer toutes les aspirations idéologiques divergentes, doit-on inventer une nouvelle formule pour se prémunir des pénalités qu’inflige le système parlementaire britannique à tous ceux qui se divisent ? Serait-ce un parapluie d’action politique commun ? Une plateforme commune ? L’organisation de primaires indépendantistes ? Une fusion ? Il faut en discuter.

Ce qui est certain est que le conformisme, la torpeur et l’inertie doivent être surmontés. C’est un défi lancé contre l’air du temps : sommes-nous capables de reconnaître notre diversité au point de la formaliser dans un souffle commun ? C’est une invitation et une responsabilité collective que nous avons vis-à-vis de notre pays.

Voilà en somme pourquoi nous proposons à tous et à toutes la tenue d’un congrès de la Convergence nationale du 10 au 12 mai prochain au Palais des congrès de Montréal. Si la liberté est toujours notre désir, il faut la rendre possible et unir la nation derrière elle. Loin d’être un exercice naïf, un dialogue conduisant à la reconnaissance mutuelle constitue, à lui seul et en soi, une fin utile et nécessaire.

Thèmes de recherche Politique québécoise
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