La chevauchée anonyme

No 15 - été 2006

Louis Mercier Vega

La chevauchée anonyme

lu par Claude Rioux

Claude Rioux

Louis Mercier Vega, La chevauchée anonyme, suivi de Une attitude internationaliste
devant la guerre (1939-1941)
de Charles Jacquier, Agone, coll. « Mémoires sociales », Marseille, 2006 (1ère édition 1978), 264 p.

La Chevauchée anonyme est une œuvre de Louis Mercier Vega, ancien combattant en Espagne dans la colonne Durruti [voir article précédent] et « révolutionnaire du troisième camp », ces communistes libertaires laminés par les staliniens et les fascistes. Louis Mercier Vega s’y met en scène sous les traits des deux personnages principaux du roman, Parrain et Danton.

Ils sont coincés à Marseille en septembre 1939. « La France était une trappe dans une plus grande trappe européenne en train de se refermer. Et Marseille était un piège à rats. » [1] Partir ou rester ? Avec quelques copains en vadrouille, tous rebelles et insoumis, ils tentent leur chance et s’embarquent à Bruxelles en direction de l’Argentine. Ce sera la traversée en mer, puis Rosario et Buenos Aires, et enfin la traversée des Andes pour aboutir à Santiago du Chili. À chaque étape, un peu d’espoir mais beaucoup de désillusions. Buenos Aires, 1940 : «  Un mouvement n’existe qu’en période de combat, de revendication, d’assaut ou de défense. Aujourd’hui, il n’y a plus que des individus. » Illustrant les débats au sein des révolutionnaires (antifascisme ou révolution ?), les destins des deux personnages bifurquent sur des chemins révélateurs : tandis que Danton retourne en Europe combattre le nazisme les armes à la main, Parrain, désormais agitateur à Santiago, y organise journaux et grèves.

La Chevauchée anonyme est un véritable trésor documentaire, car en plus d’un épilogue écrit en 1977 dans lequel Mercier Vega discute de la « discrétion » de l’anarchisme dans ses «  analyses des relations et des conflits internationaux », il contient un texte de Marianne Enckell, animatrice du Centre international de recherches sur l’anarchisme de Lausanne, une postface de Charles Jacquier intitulée Une attitude internationaliste devant la guerre, de même qu’un index et un impressionnant appareil de notes témoignant d’un solide travail éditorial.


[1Pour une évocation de cette ville durant la guerre de 1939-1945, lire Jean Malaquais, Planète sans visa, Phébus, 1999 (1ère édition 1947).

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