Un premier compte-rendu

26 mars 2013

À Tunis pour le Forum Social Mondial

Un premier compte-rendu

Philippe de Grosbois

Voici donc un premier compte-rendu de ma visite à Tunis pour le Forum social mondial. Pour celles et ceux qui ne seraient pas familier.e.s avec cet événement, il s’agit d’une rencontre de mouvements sociaux de partout sur la planète, qui s’est mise en place au début des années 2000 sous l’impulsion de l’altermondialisme.

Pour 2013, c’est la ville de Tunis qui a été choisie. Je crois que l’idée est à la fois de rendre hommage à la Tunisie pour avoir lancé le printemps arabe, mais aussi de les appuyer dans leur bataille vers une société plus démocratique et de donner l’occasion aux pays arabes de consolider leurs sociétés civiles respectives.

Mon groupe est arrivé à Tunis dimanche après-midi. Notre hôtel se trouve près du ministère de l’Intérieur, qui est joliment entouré de barbelés…

On m’a dit que 70000 personnes sont inscrites au Forum social mondial. Les activités foisonnent : Forum des médias libres, Forum syndical, Assemblées des femmes, etc. Les ateliers du Forum Social lui-même ont lieu les 27, 28 et 29 mars. Il y a trois plages-horaire par jour, et pour chaque plage horaire, il faut choisir parmi une centaine d’ateliers !

Le 25 mars, j’ai participé au Forum Mondial des Médias Libres. À l’entrée d’un pavillon universitaire qui mène aux ateliers, une campagne pour "le libre choix du port du niqab à l’université" nous trouble quelque peu… Le matin, un panel sur le rôle des radios associatives et communautaires dans la contestation sociale de certains pays : Mali, Sénégal, Amérique latine, Maroc, Tunisie, Égypte, Algérie, Yemen, Libye, Bahrein, Congo… Les intervenant.e.s défilent.

Je ne soupçonnais pas que les radios pouvaient occuper une place si importante. Dans certains pays, c’est par là que circule l’information essentielle sur les droits du peuple et sur le processus électoral. Dans certains pays latino-américains, c’est la seule occasion qu’ont des peuples autochtones d’entendre leur propre langue diffusée par un média. En Tunisie, en 2009, la police est entrée dans les bureaux de Radio 6 suite à un reportage sur les liens des grands médias avec la famille Ben Ali. La radio a poursuivi de manière plus clandestine. D’ailleurs, de nombreux pays ayant connu des renversements de régime ou des tentatives de révolution ont piraté les ondes FM durant leur soulèvement.

L’après-midi, j’ai assisté un panel sur la liberté de la presse dans plusieurs pays du monde arabe. Malheureusement, la traduction chuchotée de l’arabe vers le français et les effets du décalage horaire m’ont empêché de retirer beaucoup d’informations. Je retiens surtout que la situation varie beaucoup, les extrêmes étant probablement le Maroc (où la presse gagne des libertés depuis des décennies, mais particulièrement depuis les révolutions dans les pays voisins) à la Syrie (où être journaliste demande un très grand courage, comme on s’en doute).

Ce matin, c’était l’Assemblée des Femmes, j’en aurai peut-être des échos bientôt. Et dans quelques heures à peine, c’est la grande marche d’ouverture du Forum. Si nous sommes bel et bien 70 000 inscrit.e.s, ce sera grandiose. Je porterai mon plus beau carré rouge pour l’occasion.

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